Sous le poids de menaces de morts persistantes, le photographe haïtien Dieu-Nalio Chéry a dû laisser Haïti avec sa famille à destination d’un autre pays, c’est du moins ce qu’a appris la rédaction du média d’information et d’investigation Enquet’Action. Avant que le photographe multi-primé haïtien Dieu-Nalio Chéry travaillant pour Associated Press (AP) ait laissé Haïti pour se réfugier ailleurs après avoir réalisé un cliché historique des exactions des gangs tout-puissants, il était constamment menacé. Enquet’Action vous présente le récit des derniers évènements qui ont conduit à cette décision ainsi que les menaces qui les précédent.
« On ne peut aller n'importe où pour effectuer un travail. Comme dans ce qu'on appelle des zones de non droit où l'on ne peut pas aller faire un reportage, sans l'approbation du chef des lieux. Ce qui donne du fil à retordre. Parfois, on a envie de travailler sur un dossier, on n'a pas accès aux circuits de communication. Toutes les informations ne sont pas toujours disponibles et surtout si l'information n'est pas en faveur du concerné, on risque même de laisser sa peau », se plaint Dieu-Nalio Chéry Manifestation 29 mars 2019- Port-au-Prince - (c) Valérie Baeriswyl
Récit des évènements
C’était le 17 mars 2021, les policiers faisant partie du groupe Fantom 509 ont investi les rues pour exiger la libération de leurs confrères et de meilleures conditions de travail. Ce jour-là, pas moins de deux policiers ont été libérés de force par les Fantom 509 après avoir parcouru plusieurs zones de la région de Port-au-Prince. Et le photographe Dieu-Nalio Chéry les suivait pas à pas. Sur la route de l’Aéroport, arrivés devant le local du concessionnaire automobile Nissan, ils ont tiré plusieurs coups de feu. Ensuite, ils ont investi l’espace. « C’est alors que j’ai essayé de capturer des images. Et des policiers de Fantom 509, m’ont pointé dessus. Et m’ont dit – vous n’entendez pas qu’on vous dit de ne pas prendre des photos ici? Je leur réponds: aucun problème, je ne vais pas prendre des photos », dit-il, tout en observant ce qui se passe à l’intérieur. Par la suite, ils se rendent dans la compagnie Auto Plaza où l’on vend des motocyclettes. Dès lors, le photographe dit avoir rebroussé chemin.