Le ministère haïtien de la Santé publique et de la Population (MSPP) et ses partenaires ont célébré la journée mondiale de la Santé mentale en réalisant un atelier les 30 et 31 octobre dernier. Plusieurs dizaines de professionnelles de santé ont pris part à cette activité tenue autour du thème « la santé mentale est un droit humain universel ».
CP: OPS/OMS Haïti
Le droit à la santé mentale des survivantes de violences faites aux femmes, les priorités du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) en matière de santé mentale, la lutte contre la stigmatisation et la discrimination en santé mentale sont, entre autres, les sujets qui ont été discutés au cours de ces deux jours d’atelier. « La santé mentale est un droit humain universel fondamental. Il ne peut avoir la santé sans la santé mentale. Une santé mentale positive est la pierre angulaire du bien-être individuel et collectif », a souligné le représentant de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS-OMS), Dr Oscar Gobatto. Chacun devrait avoir le droit de vivre une vie dans la dignité, l’égalité et le respect, ce qui permet l’inclusion des personnes qui souffrent de troubles mentaux, a-t-il ajouté.
M. Gobatto a dit regretter le fait que les droits de ces personnes-là sont souvent bafoués. « Elles sont victimes très souvent de la stigmatisation et de discrimination. Elles n’ont pas accès à des soins de qualité et n’ont pas même de la chance de participer à la vie communautaire et peuvent même être privées de la capacité de prendre des décisions personnelles et soumises à des pratiques coercitives », déplore le responsable de l’organisme international tout en rappelant que son institution reste déterminée à collaborer avec le Gouvernement haïtien. Collaboration visant à fournir un soutien technique pour élaborer une législation sur la santé mentale et à défendre le droit de chaque individu.
Pour sa part, le coordonnateur de l’Unité de Santé mentale (USM) du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), Dr René Domersant Jr., a dressé l’état des lieux de la santé mentale en Haïti. « Certaines statistiques devraient nous interpeller. Quand on regarde le fardeau des maladies et quand on remarque que la plus grande tranche revient aux pathologies mentales neurologiques, il est difficile de comprendre pourquoi on n’investit en santé mentale si on veut le bien-être de la population mondiale », a-t-il souligné.
Le psychologue a fait remarquer que 22 % de toutes les pathologies représentent les troubles neuropsychiatriques. Même si Haïti n’a pas suffisamment de professionnels en santé mentale, ils ont pris des décisions permettant de donner des soins à la population en fonction des pathologies observées. « Ces pathologies-là, à partir des observations que nous avons faites depuis 2017 sont la dépression, la psychose, l’épilepsie qui est une pathologie neurologique, des troubles de démence et idéation des cas suicidaires », a révélé M. Domersant.
Haïti a une augmentation de cas de suicide au cours de ces derniers temps, a-t-il informé. Puisque le pays a une carence de psychologues et de psychiatres, M. Domersant a fait remarquer qu’ils ont quand même pu adopter d’autres stratégies en formant des médecins et infirmières non spécialisés en santé mentale à travers le programme d’action pour combler les besoins en Santé mentale : mhGAP.
« Dans notre environnement, nous avons certainement vécu des drames qui développent des troubles cardiaques suite à une dépression profonde ou à l’opposé d’une maladie chronique débilitante causée par des troubles psychiques. Ces nombreuses observations nous mènent tout naturellement à affirmer de manière péremptoire qu’il n’y a pas de santé sans la santé mentale », a martelé de son côté le Dr Alex Larsen, ministre de la Santé publique. Il a noté que dans le domaine de santé mentale, son ministère entend rendre accessible à la population des services et soins de santé de qualité techniquement valable et socialement acceptable.
À en croire M. Larsen, le ministère qu’il dirige s’engage à augmenter l’accès aux soins de qualité en santé mentale de 30 % dans les 10 départements sanitaires du pays et du même coup réduire de 50 % le taux de suicide d’ici 2025. Il a souligné que plusieurs actions ont été identifiées pour atteindre ces objectifs.
Jean Robert Bazile
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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