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Haïti : Changeant de niche écologique, les pêcheurs ne trouvent pas assez de poissons

Les produits de pêche et d’aquaculture disparaissent petit à petit en Haïti. Les poissons abandonnent leurs niches écologiques. Non-protection des mangroves, le réchauffement climatique et même le climat d’insécurité tuent l’activité de la pêche. Désormais, déguster un poisson en cette semaine sainte devient un luxe pour une bonne partie de la population haïtienne.



Agronome Talot Bertrand, intervenant sur Magik9, reconnaît que l’activité de la pêche fonctionne au ralenti. Mais, il n’est pas encore disparu. « À Jacmel, par exemple, quelqu’un peut trouver sans aucun doute des poissons à manger. Cependant, la quantité de poissons qu’on aurait besoin est réduite en quantité. Et, le prix est augmenté en raison de son indisponibilité ». Selon le spécialiste, les pêcheurs ne trouvent pas assez de poissons pour satisfaire la population. « Les poissons changent désormais d’habitats. Ils abandonnent leurs niches. Le pire, les pêcheurs n’ont pas de grandes alternatives », laisse-t-il croire.


« Des zones comme Thiotte, Grand-Gosier, Belle Anse, Anse-à-Pitres, sont réputées pour leur grande activité de pêche. Soit pour manger ou vendre, les habitants vivent essentiellement des fruits de mer. Maintenant, tout a basculé pour eux dans ce secteur », confie l’agronome. Il précise que partout dans le pays, les gens ont l’habitude de consommer des poissons pendant les semaines saintes. Mais, ils éprouvent de grandes difficultés pour en procurer cette année. « Un diagnostic criant révèle effectivement que la population n’a pas accès aux produits de pêches et d’aquaculture », insiste M. Talot.


La pêche face aux obstacles !


Étant un objet de conservation de la biodiversité, les mangroves servent de niche pour les poissons. Elle facilite aussi les pêcheurs à les dénicher, à en croire Talot Bertrand. Selon lui, cette plante est très présente dans le pays. Cependant, elles sont loin d’être valorisées. « Si on avait priorisé la gestion des aires protégées, le ministère de l’Environnement à travers l’Agence Nationale des Aires protégées devrait mettre en œuvre une politique de sauvegarde de ces mangroves. Vu la non-effectivité de cette politique, les poissons disparaissent au même rythme que les mangroves », dit-il.


La réduction des fruits de mer dans les eaux salées haïtiennes est aussi liée aux impacts du réchauffement climatique, révèle le spécialiste. Il pense qu’elle ne joue pas en faveur des pêcheurs et de leurs familles. « La baisse enregistrée dans ce secteur a de graves conséquences sur les habitants de ces régions. Ils commencent déjà à faire face à une situation de famine », estime-t-il. La sécurité généralisée qui règne dans le pays est l’ennemi redoutable que peut connaître l’activité de la pêche, croit M. Bertrand. Il précise que cette situation empêche la circulation des échanges entre pêcheurs et acheteurs. Signe vivant, pour lui, du redressement de ce secteur. « Je connais des fermes de conservations de produits aquacultures dans la plaine du culte de sac qui ont malheureusement fermé leur porte à cause de l’insécurité », ajoute-t-il.


En vue de redresser la barque, l’agronome profite de lancer un appel aux autorités de l’État. « L’État doit freiner l’insécurité. Car, elle met en déroute presque tous les secteurs, notamment l’activité de la pêche », exhorte-t-il. Au même titre que les dirigeants, il pense que la population a sa part de responsabilité. « On constate déjà le problème, maintenant, il faut qu’il y ait un réveil citoyen pour restaurer la vie dans ce secteur. Nous devons faire un geste de solidarité pour sauver les mangroves. Il revient à nous de préparer le demain de la génération future ».


Pierre-Samuel MARCELIN


Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.

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