Une pandémie mortelle de choléra menace des millions de femmes enceintes et allaitantes dans 23 pays au monde dont Haïti, a révélé l’ONG internationale CARE soulignant que depuis le début de l’année, le maladie se déplace rapidement d’un pays à l’autre, sous l’effet d’un dangereux mélange de changement climatique, de catastrophes connexes et de conflits.
CP: Nicholas Kamm/ Agence France-Presse
« Dire qu’il y a 11 millions de personnes en danger en Haïti n’est pas la même chose que de savoir qu’environ 300 000 d’entre elles sont des femmes enceintes », a déclaré Martin Dickler, directeur de CARE en Haïti, un pays qui lutte contre une résurgence du choléra dans le cadre d’une crise humanitaire déjà complexe. « D’autant plus qu’Haïti a déjà le taux de mortalité maternelle le plus élevé de la région d’Amérique latine », a-t-il poursuivi.
Le nombre de pays touchés par le choléra est passé de 18 à 23 au cours du mois dernier, la liste comprenant entre autres, l’Inde, les Philippines, le Liban, Haïti et l’Éthiopie. Selon l’Organisation mondiale de la santé, cette septième pandémie de choléra est devenue aiguë depuis le milieu de l’année 2021 et se caractérise par des flambées multiples. Elle s’est étendue à des régions autrefois épargnées par le choléra, comme la Syrie et le Liban, et présente souvent des taux de mortalité alarmants.
Une nouvelle analyse de l’agence d’aide internationale CARE, en amont de la Journée mondiale de la santé, montre que la propagation alarmante du choléra affecte principalement les pays où les inégalités entre les hommes et les femmes sont importantes. Le choléra touchant particulièrement les femmes et les enfants, l’organisation demande des données ventilées par sexe sur les populations à risque afin d’améliorer la réponse humanitaire.
Tous les pays touchés par le choléra se situent au-dessus de la médiane mondiale en termes d’inégalité entre les sexes, 30 % d’entre eux (7 sur 23) présentant un risque élevé ou très élevé de mortalité infantile et de malnutrition aiguë, y compris la République démocratique du Congo et le Sud-Soudan, montre l’analyse produite par le CARE s’appuyant sur des données provenant de la base de données INFORM Risk et de l’indice d’inégalité de genre.
En effet, pas moins de 74 % (17 sur 23) des pays touchés par le choléra présentent un risque élevé ou très élevé de conflit — par exemple, la Somalie et Haïti. 61 % (14 sur 23) des pays touchés par le choléra présentent un risque élevé ou très élevé de risques naturels tels que les tempêtes tropicales, les inondations et la sécheresse — par exemple, le Malawi et le Mozambique.
« Les risques associés au choléra, comme à d’autres maladies infectieuses, ne sont pas neutres du point de vue du genre », a déclaré Allison Prather, conseillère de CARE pour les urgences de santé publique. « Les femmes enceintes et allaitantes sont plus vulnérables à la malnutrition et courent plus de risques de développer des complications fatales si elles contractent le choléra. Les rôles traditionnels jouent également un rôle, les femmes et les filles étant plus susceptibles d’entrer en contact avec le virus lorsqu’elles vont chercher de l’eau, qu’elles préparent les repas ou qu’elles se rendent à l’hôpital, laisse-t-il entendre.
Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes devraient devenir de plus en plus fréquents et que les scientifiques établissent un lien entre le changement climatique et la propagation du choléra, les humanitaires doivent pouvoir s’appuyer sur des données ventilées par sexe afin d’améliorer leur réponse.
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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