AgroGau Production et Distribution est une entreprise spécialisée dans l’élevage de poulet et la production des races améliorées. Lancée dans le Sud, en 2019 avec un capital de 8 mille gourdes, ni les crises sociopolitiques et économiques encore moins la crise sanitaire de Covid-19 n’ont réussi à freiner sa course. Aujourd’hui, en 2023, AgroGau passe à plusieurs millions de gourdes et ses promesses pour l’avenir n’arrêtent pas de se multiplier.
« Après mes études universitaires en 2016, j’étais à la recherche d’un emploi. Mais c’était difficile, vu la situation du marché qui est restreint. Parfois, lorsqu’on en trouve un, les conditions ne permettent pas », explique Mishner Gauthier, le propriétaire de l’entreprise, retournant sur le contexte de sa création. Il raconte que c’est en réponse aux bousculades du marché de l’emploi haïtien qu’il a créé sa propre entreprise. « Et là, j’ai décidé de mettre sur pied une activité pouvant répondre à mes besoins économiques », avance l’agronome.
Le jeune diplômé n’avait ni prêt, ni de grands fonds d’investissement. Il a démarré son entreprise avec le peu de ressources qui était à sa disposition. « Partant d’un montant de 8 000 gourdes, j’ai lancé avec les poulets de chairs communément appelés poules blanches », nous confie-t-il. Avec ce capital, Gauthier devait investir dans l’achat et la production de poulet tout comme dans la construction. Avec le support de ses parents, dans un premier temps, il est parti avec 100 poulets de chairs. Ça allait parfaitement bien. Puis, il est passé à 200 et plus tard, à 400 poussins.
Si l’entrepreneur Gauthier arrive à ce niveau aujourd’hui, c’est parce qu’il sait pertinemment transformer ses difficultés en opportunités pour faire grandir son entreprise. Il raconte que la crise de Covid-19 a menacé grandement sa ferme. Il ne pouvait pas s’approvisionner surtout en poulets venus de l’extérieur pour accroître sa production. C’est là qu’il allait inventer une solution à ce problème. « Après plus de sept mois sans approvisionnement en poussins, j’étais amené à réfléchir à d’autres alternatives. Et là, j’ai commandé des incubateurs pour produire des poulets de chair à partir de souches de poulets de chair que nous avions », a élaboré l’agronome.
Mais en cours de route, cette solution qui a fonctionné malgré elle ne répondait pas aux attentes de l’entreprise. Et l’agronome a poursuivi avec ses explorations. « Le taux de croissance était lent. On a recouru aux poulets d’Haïti », explique-t-il, détaillant son changement de stratégie dans le but d’arriver à ses fins. « On a acheté des œufs dans des fermes à proximité pour la production. C’était le choix idéal dans le sens que cette poule s’adapte au climat et en milieu rural. Elle est plus résistante face aux maladies et sa croissance est estimée à 232 œufs par an », s’enorgueillit M. Gauthier, fondateur d’AgroGau production et Distribution.
La croissance de son entreprise repose sur des choix. Il laissait les poulets importés pour produire sa génération de poussins. Ensuite, il laisse les incubateurs étrangers en lançant la fabrication de ses propres incubateurs. La combinaison de ses choix fait exploser le rendement de la ferme. « Contrairement aux rendements des incubateurs achetés évalués entre 35 et 40 % de réussite, soit 300 poussins par mois, nos incubateurs plus productifs sont évalués entre 95 à 98 % de réussite. Ce qui nous amène à un chiffre de 700 poussins par mois », lâche fièrement le jeune entrepreneur.
Il croit que ce secteur peut grandement contribuer à la réduction du chômage en Haïti. Selon lui, c’est un terrain fertile pour la lutte contre l’insécurité alimentaire. Cette vision l' a conduit à produire des poulets pour distribuer aux éleveurs de sa région. Il se met disponible pour partager ses expériences et ses techniques au reste du pays en vue de faire avancer le secteur en accompagnant ceux et celles qui sont dans le besoin.
« Cette poule appartient à une génération hybride. Plus robuste que la poule du terroir. Elle a une viande de très bonne qualité. Elle est meilleure pondeuse », rassure le producteur, encourageant le développement de ce secteur. « On peut l’utiliser pour produire des œufs et nourrir la population. Non seulement que l’éleveur peut vendre les œufs pour répondre à ses besoins économiques, il peut reproduire les poussins sans difficulté », ajoute-t-il.
Le passage à une production typiquement locale c’est ce qui fait la priorité du jeune entrepreneur. À côté des incubateurs et poulets déjà mis en marche, il travaille sur la fabrication et la production de sa propre nourriture pour élever les poulets de sa ferme. Laquelle nourriture sera produite à partir des déchets d’animaux et de végétaux. Selon lui, cela va réduire le risque encouru avec les produits importés parfois contaminés, inefficaces et trop coûteux.
Intégrer cette formation à l’élevage de poulet dans les écoles primaires ; former, encadrer ceux et celles qui veulent intégrer le secteur ; produire suffisamment d’œufs pour répondre aux demandes des populations, sont, entre autres, les perspectives d’avenir de la ferme AgroGau Production et Distribution.
Jean Robert Bazile
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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