Les Jeunes progressistes de Gairin ont mis sur pied Pale Mwens Travay Plis. Ce projet vise au développement endogène de leur communauté. L’initiative a déjà intégré un cours sur l’agriculture dans le cursus de plusieurs écoles de la place.
L’agriculture et la protection de l’environnement se retrouvent au cœur de l’apprentissage dans certaines écoles de Léogâne, commune du département de l’Ouest, grâce à Pale Mwens Travay Plis. Environ huit écoles adoptent et expérimentent déjà ce programme en acceptant d’intégrer dans leurs cursus académiques, un cours sur l’agriculture. « Il n’est pas normal qu’un.e élève quitte son deuxième cycle fondamental sans apprendre à planter même un piment ou des poireaux », déclare Jean Makens Germain, le président de l’association et l’un des responsables du programme.
Selon le technicien agricole, ce cours est enseigné de la théorie à la pratique dans les écoles. Les enfants sont évalués et ils/elles ont des notes dans leurs carnets pour l’agriculture. « Certaines de ces écoles ayant des programmes de cantines scolaires n’achètent plus de légumes. Elles en cueillent dans leurs jardins », ajoute Germain. Le numéro un des Jeunes progressistes de Gairin, une association s’impliquant entre autres dans le développement durable, fait savoir que les jardins scolaires sont le résultat des pratiques réalisées par les enfants touchés par Pale Mwens Touche Plis.
Le professeur de ce nouveau cours informe que les parents accueillent ce programme avec enthousiasme. Leurs enfants partagent avec eux les techniques apprises à l’école, lesquels les apprennent à exploiter toute parcelle de terre mise à leur disposition. « Nous les expliquons comment cultiver le calalou qui est bon pour la récolte en une semaine. Et l’épinard qui dure seulement 20 jours après les transplantations », précise Jean Makens Germain.
À en croire M. Germain, ce programme peut aussi aider les enfants à faire de l’argent. Ainsi, les responsables les incitent à recycler les cuvettes et autres récipients abandonnés dans leur environnement pour faire du jardin. Même sur le toit d’une maison en béton, poursuit-il, on peut cultiver son jardin. « Un.e enfant qui cultive environ une cinquantaine de pieds d’épinard à la maison peut, après récolte, acheter ses crayons en vendant le petit lot à 25 gourdes », argumente l’instigateur du projet, soulignant qu’après la récolte, les têtes d’épinard vont se multiplier et l’enfant pourra faire de plus en plus de profit.
Renouer avec les pratiques agricoles
Le programme Pale Mwens Travay Plis offre aussi des formations aux adultes. En ce sens, les responsables ont créé un centre professionnel donnant des formations techniques de courte durée en vue de permettre aux gens de mieux s’équiper. Selon Jean Makens Germain, il y a de plus en plus de jardins dans la commune de Léogâne. Une situation qui témoigne du changement de rapport des gens de cette communauté avec l’agriculture.
À travers ce programme, l’organisation veut déconstruire les stéréotypes jetés sur l’agriculture qui rendent beaucoup plus difficile le rapport des gens avec leur environnement. « Nous voulons enlever l’idée selon laquelle la terre n’est plus productive et que les gens qui travaillent la terre sont misérables. La richesse est dans la terre », avance le responsable. Il dit être obsédé à faire comprendre aux gens que manger ne doit pas être un luxe et que la terre peut répondre à la grave crise d’insécurité alimentaire qui enveloppe le pays.
Pale Mwens Travay Plis porte aussi, en son sein, un atelier de transformation de fruits. Pour Jean Makens Germain, cette petite entreprise améliore la relation des riverains avec l’environnement. « À chaque fois qu’on achète aux gens leurs mangues, leurs cerises et autres denrées, ils apprennent à protéger les arbres fruitiers et à planter davantage parce qu’ils en tirent profit », nous dit le technicien agricole, expliquant qu’ils fabriquent du vin et de la crémasse avec ces fruits achetés aux paysans.
Tandis que le projet connaît un succès dans la production dans les cultures maraichères, il n’en reste pas moins que ses embranchements progressent tout aussi bien. Le centre offre des cours d’informatique bureautique et de couture. Il a un atelier de confection des vêtements locaux et il aspire à élargir ses horizons vers la culture et la transformation d’autres produits. « Nous avons déjà une bonne partie de terre pour la culture de manioc. Nous travaillons à le transformer en farine », envisage M. Germain, chef du projet.
À l’occasion de la journée internationale de l’environnement, le 5 juin, Pale Mwens Travay Plis compte organiser une conférence autour du thème : comment combattre la pollution plastique. Cette activité sera présentée par trois fillettes du programme. Ces élèves de 6e année fondamentale, engagées de très tôt dans la lutte pour la protection de l’environnement, sensibiliseront, notamment, un public d’élèves et de parents sur la pollution.
Jean Robert Bazile
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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