Alors que le phénomène El Niño est sur le point de montrer son vrai visage en Haïti, le gouvernement n’accorde pas trop d’importances à la sécheresse et ses effets. Les foyers de zones sèches se multiplient dans tous les recoins du pays. Aucune alternative n’est encore envisagée. Pour pallier le phénomène, Joseph Ronald Toussaint, l’ex-ministre de l’Environnement croit que l’État devrait tourner les yeux vers les endroits secs du pays.

La sécheresse ferait partie des plus grandes menaces de développement durable que peut connaître Haïti, à en croire l’ex-ministre de l’Environnement Joseph Ronald Toussaint à l’espace de l’émission Haïti-Climat. Pendant tout le 20e siècle, affirme-t-il, des documents révèlent qu’Haïti a historiquement l’habitude de confronter à de grands moments d’expositions de sécheresse. « Les périodes de 1923, 1924, 1967, 1968 et même en 1976, le pays connaît de moments de sécheresses sans précédent. À tel point, des gens avaient même l’habitude de manger des boues d’argile pour apaiser leur faim. »
Selon le spécialiste, la sécheresse est endémique à beaucoup de régions en Haïti. Elle s’installe déjà dans de nombreuses zones du pays. « Dans le département du Sud-Est, on trouve : Côte de fer, Bel’Anse, Grand Gosier, Bainet, Anse-à-Pitres. Toutes les communes du département des Nippes sont frappées. Presque tout le bas Nord-Ouest est sec. Dans le Sud, au niveau de la commune d’Aquin et tout le littoral de ce département sont fortement touchés. Indistinctement, les dix départements du pays connaissent le sort de la sécheresse », insiste l’agronome Toussaint, soulignant, entre autres, que ces zones sont autant exposées à la sécheresse à cause de leur position géographique. Elles sont frappées de l’effet de foehn.
« Les zones arides connaissent une sécheresse permanente. Avec le phénomène “El Nino” se logeant dans le bassin du pacifique, en Haïti, une année sur cinq, on a connu de grands moments de sécheresse », dit-il. Toutefois, l’ex-ministre de l’Environnement croit que la sécheresse n’est pas tout à fait l’absence de pluie. Il y a, selon lui, quatre types de sécheresse. « On rencontre la sécheresse météorologique, agricole, hydrologique; traduisant par une insuffisance des eaux souterraines. La dernière catégorie de sécheresse donne lieu à l’insécurité alimentaire », précise-t-il.
Des conséquences désastreuses ?
M. Toussaint affirme que la sécheresse est le résultat d’une quantité de précipitations. Et, cette précipitation englobe la pluie, la rosée, la grêle et autres. D’un degré à un autre, elle entraîne de graves conséquences. « En Haïti, la sécheresse entraîne la réduction de la quantité de denrées alimentaires disponible. Les denrées deviennent de plus en plus rares. Ce phénomène a de graves répercussions sur le secteur agricole. Les animaux ne trouvent pas assez d’herbes. Elle agit également sur les faunes », lâche l’agronome, ajoutant que la sécheresse a aussi des conséquences sur notre écosystème.
Croyant dans la vertu de la planification, l’agronome Toussaint persuade qu’un plan détaillé et exhaustif est déterminant dans la lutte contre la sécheresse. « Il nous faut un système d’alerte servant à contrôler l’évolution de la sécheresse. La CNSA peut aider en ce sens. Car, elle s’intéresse beaucoup à ce phénomène et son lien avec la situation de la mangeaille du pays », affirme-t-il. Au sein du ministère de l’Environnement, il y a une entité dénommée Observatoire national sur l’Environnement et la Vulnérabilité. Selon le spécialiste, cet observatoire doit changer de mission tout en se mettant réellement au service de l’environnement. « De concert avec le Centre Météorologique National et la Direction de Protection civile du ministère de l’Intérieure, il doit s’engager dans la lutte contre la sécheresse », fait-il savoir.
Alors que le phénomène El Niño est sur le point de montrer son vrai visage en Haïti, le gouvernement n’accorde pas trop d’importances à la sécheresse et ses effets. Les menaces sont très fortes sur le pays, analyse-t-il. « Le gouvernement devrait déclarer un état d’urgence alimentaire dans les zones sèches », recommande l’ex-ministre de l’Environnement.
Pierre Samuel MARCELIN
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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