La Jeune Chambre internationale de Pétion-Ville (JCI-Pétion-Ville Innovation) a organisé, le 18 mai dernier, une journée de bien-être. L’objectif a été de donner à ses membres le moyen de se libérer du stress, de l’angoisse et de l’anxiété qui dominent leur quotidien en Haïti. Jeux de cartes, football, dominos, massage, musique et danse … Tout pour créer une journée de loisirs, de partages et de plaisirs sains.
Reportage
18 mai 2023. Nous sommes à Delmas 75. La couleur du temps est marquée par un soleil provocateur, s’efforçant de percer le mystère des arbres géants qui dominent l’espace. Et sous ces arbres, l’ambiance s’éclate. Des rires, des éclats et même des fous rires, des prises de vue de tous plans, des selfies de joie pour immortaliser chaque instant. Le bonheur se lit sur le visage d’un groupe de jeunes en pleine euphorie avec la nature dans les locaux de la Jeune Chambre internationale de Pétion-Ville (JCI-Pétion-Ville Innovation). Cette organisation à but non lucratif réunit des jeunes en vue de les influencer, les mettre dans des positions de responsabilité face à leur communauté et à l’avenir du monde.
C’est Johanne Montès qui nous accueille à l’entrée. « Tout le monde devrait s’offrir une journée de bien-être comme celle-là. Dans la situation que nous sommes en Haïti, le corps en a besoin, tout comme l’esprit », lance-t-elle d’un air confiant.
Ils sont environ une quarantaine à s’éparpiller sur toute l’allée. Au fond, un homme remarquable. T-shirt jaune et vert, short bleu marine, sandales artisanales, il se promène au rythme d’une musique qui caresse le sens en dégustant sa tranche de pastèque. Il parle aux jeunes les uns après les autres. Samuel Joseph, parait-il, l’un des plus âgés est visiblement l’un des plus ouverts. Il s’enorgueillit de sa réalisation. « Ce n’est pas notre première activité en rapport avec le bien-être. En période de confinement, nous avons initié une activité au même titre du nom de ‘’Well Being Check in’’, mais c’était en ligne », déclare celui qui préside l’institution.
Melissandre Morel est la vice-présidente exécutive aux affaires internes de l’organisation. Elle nous fait savoir que l’initiative est prise en raison de ce que les jeunes subissent dans le pays. « Nous sommes des jeunes qui ne peuvent pas sortir, encore moins nous offrir un instant de plaisir. Nous avons jugé qu’il était faisable de mettre sur pied cette activité de convivialité, de relaxation, de brainstorming », contextualise la gestionnaire. « Moi, non seulement j’avais besoin de cette journée, j’ai besoin de plusieurs autres comme celle-là », déclare-t-elle toute joyeuse.
Vider le stress de l’existence ..
Joviale, ouverte et d’une hospitalité infinie, Mellissandre explique qu’ils/elles sont d’une catégorie de gens qui, chaque jour, ne fait que penser à ce qui peut leur arriver en Haïti. Pris dans ce piège tout en étant conscients qu’ils/elles ont droit à leur part de bonheur dans ce monde, ils/elles décident de créer cette oasis dans le désert en vue d’étancher leur soif de vivre pleinement. « C’est ce que nous pouvons nous offrir. On en a profité pour le faire. Et on aspire à beaucoup plus de choses », renchérit celle qui fait un Brevet de technicien supérieur (BTS) en Communication.
Tout à coup, ils se divisent en deux groupes. Sous l’ombre des arbres immenses, une séance de danse fait rapidement chair. Sous les envoutements d’une caisse qui vomit de la belle musique, près d’une vingtaine de jeunes bougent derrière un professeur de danse, leur enseignant les premiers pas de l’afro. Sensible aux moindres gestes du jeune professeur, la foule va à gauche et elle tourne à droite en comptant les pas : un, deux, trois, quatre… « J’encourage les gens à pratiquer la danse. Ça vide le stress », avance James Danser, le professeur. Jacket bleu, T-shirt et pantalon noir avec une touffe de cheveux qui s’élève comme un papillon sur son dread, il raconte que la danse l’a sauvée en 2018 après la mort de son père.
De l’autre côté, c’est un terrain de foot qui berce les rayons du soleil adoucis par le souffle du vent que respirent les arbres. En t-shirt comme en chemisette, en short ou en pantalon, les hommes se jettent à fond dans un jeu au ballon rond. Pas d’arbitres. Ils fixent les règles de leur propre jeu et s’amusent en toute convivialité. Et à Léonce de prendre toutes les photos. « La photo contribue au bien-être des gens. Elle vous aide à marquer le temps, à regarder qui on est dans l’instant, ce qu’on peut envisager pour demain », déclare Eliezer Léonce, le photographe de l’activité, expliquant qu’il est excité de voir la joie que ça procure aux gens. Il raconte que c’est pour cela qu’il fait du bénévolat en photographie.
À côté de la danse, du football, des jeux de cartes et de dominos, les responsables ont amené une massothérapeute en vue d’administrer aux participant.tes des séances de massage à leur demande. Ce qui a été fait gratuitement. « Parler de massage, c’est parler de bien-être. Ça donne de la relaxation et permet une bonne circulation sanguine… », a déclaré Isadorah Pierre. La spécialiste en massothérapie souligne que dans la situation difficile que les gens vivent en Haïti, le massage peut aider à se libérer du stress et de l’anxiété.
Un havre de paix bien mérité
Des jeunes viennent de Delmas, de Pétion Ville, de Tabarre, de la Croix-des-Bouquets et de Fontamara. Ils/elles viennent se plonger dans un instant de bonheur, loin des coups de feu, du stress et de l’angoisse. Lydia Pierre-Jules ne manque pas de mots pour en témoigner. « Dans ce pays il n’y a pas vraiment de loisirs. La situation du pays nous isole. Me trouver avec des gens dans un espace de loisirs sains, c’était bénéfique pour moi », déclare la jeune participante. Pour elle, la séance de danse a été particulière. « La danse m’a permis de me fondre dans l’ambiance et me libérer des autres soucis », nous confie Lydia.
Si à travers cette activité, Samuel Joseph, président de la JCI-Pétion-Ville, espère reconnecter les jeunes à leurs engagements, leurs passions et leurs aspirations, Christie Joseph, la vice-présidente exécutive aux affaires externes, voit la création d’un environnement bienveillant. Lequel environnement est, selon elle, porteur de réconfort, d’espoir et d’un soutien particulier dans les circonstances difficiles en leur permettant de les ressourcer. « Nous voulons faire une différence positive dans leur routine et contribuer, autant qu’on peut, à leur bienêtre général », précise Christie Joseph.
La JCI-Pétion-Ville Innovation entend continuer sur cette lancée. L’arme puissante : le bénévolat. Selon Mellisandre Morel, cette force peut changer les communautés en dépit des circonstances. « J’aimerais, après cette activité, initier un festival de Bénévoles. Cela nous permettra de réunir toutes les organisations faisant du bénévolat afin de montrer à la génération future et à tout le pays qu’on est là et qu’on travaille. Nous n’avons pas de salaire, mais nous travaillons », termine la vice-présidente exécutive aux affaires internes de la JCI-Pétion-Ville Innovation.
Jean Robert Bazile
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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