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La sécheresse asphyxie La Gonâve. L'île n’en peut plus.

L'île de la Gonâve s’étouffe sous le poids d’une sécheresse extreme accablant les habitants.es depuis novembre 2022. Les populations autant que les animaux meurent de faim et de soif. Cette situation s’est deteriorée avec la resurgence de l’épidémie de grattelle greffée sur celle du choléra sur l'île. Face à cette situation de désespoir, les autorités locales appellent à l'aide de l’Etat central et de la communaute internationale.



Des voix porteuses de toutes les angoisses du temps, des images de misère dessinant la tristesse d’une population ont retenti dans un reportage du journaliste Charlemagne Deshommes pour le média en ligne, La Nouvelle. Les autorités locales sont de loin dépassées par la situation. Contacté par Enquet’Action, Pierre-Louis Livenson, membre du CASEC de la 5e section Gros Mangle, commune de Pointe-à-Raquette, soutient que d’autres problèmes accompagnent cette rareté d’eau qui sévit dans la région. « Il n’y a pas d’eau. La grattelle est véritablement exagérée. En plus, il n’y a pas de centre de traitement de Choléra », informe-t-il.


Selon le responsable, la population, dans ces genres d’épreuves, compte uniquement sur la pluie. Mais, personne ne sait jusqu’à quand il faudra attendre ni que faire en attendant. « Les gonaviens ne peuvent compter sur la Direction nationale d’Eau potable et d’Assainissement (DINEPA) qui n’existe pas dans la commune », regrette Livenson Pierre Louis.


La vie se meurt sur l'île


À côté des graves problèmes de santé causés par le manque d’eau dans l’arrondissement de La Gonâve, le leader de la section de Gros Mangle souligne qu’une rageuse faim s’installe sur la région. Les gens ne peuvent cultiver leurs plantations. Ce qui les pousse à couper des arbres pour pouvoir gagner de l’argent. Une menace de plus pour un environnement déjà fragilisé.


« Avant, les gens se rendaient à Port-au-Prince pour acheter et revenir en bateau et revendre ici. Mais maintenant, avec ce qui se passe à Canaan, ils ne peuvent pas y aller. Même pour aller à Saint Marc, on a besoin de 2 000 gourdes pour un voyage en bateau à voile. Où est-ce qu’un un pauvre va-t-il trouver cet argent ? », se demande Livenson Pierre Louis. L’ancien élu de la section de Gros Mangle souligne que même à l’intérieur du territoire, il faut 2 500 gourdes pour une course à motocyclette de Gros Mangle à Anse à Galets. À Latanier, 1re section La Source, la situation n’est pas meilleure. Lindor Lenès, l’une des autorités locales, souligne que les animaux meurent de soif et que les habitants sont exposés à la famine.


« Les familles qui ont de la nourriture ne peuvent manger du fait qu’elles n’ont aucun accès à l’eau. Toutes les activités qui nécessitent de l’eau sont quasiment au point mort », précise le membre du CASEC de cette localité où les gens doivent parcourir environ 7 kilomètres pour trouver une goutte d’eau. Une eau qui n’est pas potable, selon lui.


Un avenir incertain !


Du reste, Atherty Augaus, journaliste et citoyen de la Gonâve parle de son côté de consequences liées au changement climatique.


« Il faut remonter à 10 ans environ pour repérer la genèse de ce changement sur l'île. Depuis, ça revient chaque année. Cette sécheresse est porteuse de grippe et de fièvre parce que la majorité des routes sont en terre battue », souligne Augaus soulignant qu’à la Gonâve, l’on n’a pas de rivière. Il faut creuser pour tirer de l’eau, mais du fait que c’est une zone côtière, la tâche devient compliquée. « Lorsqu’on creuse jusqu’à 100 ou 200 mètres de profondeur, on est déjà en contact avec l’eau de mer », précise-t-il.


À la Gonâve, la population fait face à de graves problèmes de santé au moment où la sécheresse fait rage. Les gens sont obligés de recourir à la coupe des arbres pour subvenir à leur besoin, ce qui risque d’aggraver la situation de l'île qui est en grande difficulté. Les autorités locales réclament l’accompagnement de l’État central pour traverser cette épreuve combien accablante.


L’accès à l’eau potable, la santé pour tous, l’éradication de la faim et la protection de l’environnement font tous partie des objectifs de développement durable qu’Haïti s’engage à poursuivre jusqu’en 2030. La situation risque de s’aggraver si cette responsabilité envers les ODD et envers la population de La Gonâve ne trouve place dans les priorités des acteurs concernés.


Jean Robert Bazile


Ce projet de contenus est réalisé avec le soutien de l’IFDD/OIF.

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