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Les armes qui tuent en Haïti passent par la République dominicaine, selon l’ONU

Trafic d’armes en provenance de la République dominicaine, la faiblesse des contrôles aux frontières avec le pays voisin servant aussi de cachette pour des bandits, trafic de drogue, d’armes et de migrants révèle le rapport des experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU) publiés jeudi dernier, autour des responsabilités ou les liaisons qui existent entre la République dominicaine et la situation qui se passe en Haïti.

CP: cosmovisions


Le pays voisin avec Haïti fait partie des pays visités par les experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans le cadre de la rédaction du rapport. À en croire ce qui en ressort, la République dominicaine ferait partie des responsables ou complices d’activités faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité en Haïti ou comme ayant pris part. Une situation qui menace l’avenir du pays, car nombre d’enfants ne vont pas à l’école et nombre de personnes qualifiées quittent le pays. « L’insécurité, le vide institutionnel et la faiblesse des contrôles aux frontières offrent aux criminels, notamment aux réseaux de criminalité transnationale, une occasion en or de développer leurs activités », souligne le rapport.


Point de transit pour trafic de drogue en Haïti


Plusieurs membres du groupe armé dénommé 400 Mawozo qui ont fui vers d’autres villes d’Haïti ou ont été arrêtés alors qu’ils se rendaient ou se trouvaient en République dominicaine, ont fait savoir les experts.

« Mauvaise gestion des frontières, faiblesse des contrôles douaniers, longue tradition de corruption, voici quelques-uns des principaux facteurs qui favorisent les activités criminelles », soulignent-ils. Haïti compte 20 ports maritimes officiels, de tailles diverses ainsi que plusieurs stations d’amarrage et de mouillage non officiels le long des 1 771 km de côte. Par ailleurs, il existe quatre points de passage terrestres officiels le long de la frontière de 392 km avec la République dominicaine ainsi que d’innombrables autres points de passage non officiels.


À l’issue de visites dans la région, il a été établi que le département colombien de Guajira était un point stratégique pour le transport de cocaïne vers Haïti. Cette information a été corroborée par une source fiable, qui a indiqué que la drogue arrivait de Guajira sur la côte sud d’Haïti par bateau ou par de petits avions pouvant passer sous le radar. Elle traversait ensuite la frontière dominicaine, par voie terrestre, vers Punta Cana, puis vers Porto Rico.


D’après d’autres sources, de petits avions larguaient de la drogue près du lac Étang Saumâtre, à la frontière avec la République dominicaine, et au-dessus du département de l’Artibonite. Aux points de sortie, la majeure partie de la cocaïne est expédiée aux Bahamas dans de petites embarcations et des avions. Port-de-Paix et la petite île de la Tortue, au large de la côte nord-ouest, sont des stations d’expédition stratégiques.

Les points d’entrée de la drogue se trouvaient sur la côte sud : Jacmel, Anse-à-Pitres, Grand Bois, les Cayes, Dame-Marie et Ile-à-Vache ainsi que Port-Salut et Jérémie. Les pistes d’atterrissage clandestines sont nombreuses, notamment à Savane Diane, dans le département de l’Artibonite, et vers le sud et le sud-est, à Jacmel.


République dominicaine, point de trafic des armes vers Haïti


« La majorité des armes à feu et des munitions en circulation dans le pays sont fabriquées ou achetées à l’origine aux États-Unis. Elles arrivent en Haïti directement depuis les États-Unis ou via la République dominicaine », selon le rapport des experts. Ils ont constaté également des tendances moins courantes, comme la présence de fusils de type AK retrouvés en Haïti, détournés d’un pays d’Amérique du Sud et probablement introduits dans le pays à la faveur du trafic de drogue ou importés de la République dominicaine, où des saisies récentes ont permis de trouver des armes en provenance d’Amérique du Sud.


Si les gangs peuvent acheter sur le marché illicite haïtien ou en République dominicaine des armes de poings, des fusils à pompe et des fusils semi-automatiques de 5,56 mm ainsi que les munitions correspondantes, les gangs les plus importants et les plus riches essaient de se fournir directement aux États-Unis pour certains types de matériel spécifiques. Par exemple : des armes de plus gros calibre, comme des fusils antimatériel de 12,7 x 99 mm, des mitrailleuses légères et les munitions correspondantes ou d’autres calibres peu courants.

Le manque de ressources de l’administration douanière et les niveaux élevés de corruption dans les départements sont des facteurs clés qui favorisent le trafic d’armes à destination d’Haïti. « La plupart des ports d’entrée en Haïti — terrestres, maritimes ou aériens — sont exposés au trafic d’armes et de munitions. Pour un aperçu des saisies effectuées au cours de la période considérée », dit le rapport.


Trafic d’armes, les voisins ne sont pas innocents ?


Une grande partie du trafic passe sous le radar, toutefois, les autorités dominicaines et haïtiennes ont effectué plusieurs saisies récentes de part et d’autre de la frontière. Les affaires concernent souvent du matériel acheté à l’origine aux États-Unis et acheminé vers le marché illicite de la République dominicaine. « Bien que moins lucratif que les importations directes en provenance des États-Unis, l’achat de matériel sur le marché illicite dominicain reste intéressant », lit-on.


Un fusil semi-automatique de 5,56 mm coûtant entre 500 et 700 dollars aux États-Unis peut se vendre environ 2 500 dollars en République dominicaine ou deux à trois fois plus en Haïti. Dans un cas, du matériel parti des États-Unis vers la République dominicaine devait être transféré directement vers Haïti.


Plusieurs gangs, en particulier 400 Mawozo, dont le territoire est le plus proche de la frontière, passent par des trafiquants dominicains pour acquérir des armes à feu et des munitions. Le Groupe d’experts a enquêté sur d’autres cas montrant des réseaux passant par des responsables corrompus, notamment des policiers, des fonctionnaires et des proches des autorités locales, qui facilitent le passage de matériel illicite.


Dans la plupart des cas examinés par le Groupe d’experts, le trafic passe par le poste-frontière de Belladère, par lequel la plupart des marchandises officielles en provenance de la République dominicaine entrent en Haïti.

La présence d’armes à feu en Haïti déstabilise encore davantage la région, compte tenu du trafic d’armes à feu vers la Jamaïque. Le trafic historique de marijuana de la Jamaïque vers Haïti par la voie maritime s’est transformé, au fil du temps, en un échange d’armes contre de la drogue (ganja).


République dominicaine, victime de la crise haïtienne?


L’insécurité, le vide institutionnel et les faibles contrôles aux frontières servent les intérêts des criminels, notamment des trafiquants de drogue, qui intensifient leurs opérations. « La crise haïtienne a des répercussions sur l’activité criminelle transnationale dans la région, la demande et la circulation d’armes à feu illicites en Haïti alimentant le trafic en République dominicaine et en Jamaïque », lit-on dans le rapport faisant état des incidences régionales.


La détérioration de la situation en Haïti a eu un impact sur les États membres de la région. Les autorités de la République dominicaine, du Mexique et des États-Unis ont fait part au Groupe d’experts des problèmes causés par le phénomène migratoire ainsi que le trafic de drogue et d’armes. « Le trafic d’armes et de drogue dans la région contribue à des niveaux élevés de violence armée et d’insécurité dans plusieurs pays des Caraïbes », souligne le rapport. La crise haïtienne influe également sur l’activité criminelle transnationale, la demande et la circulation d’armes à feu illicites en Haïti alimentant le trafic dans la région.


En République dominicaine, les autorités ont récemment procédé à plusieurs arrestations de membres de gangs haïtiens et ont réussi à perturber certaines activités criminelles transfrontalières, notamment le trafic d’armes. « Néanmoins, les organisations locales, régionales et internationales de défense des droits humains s’inquiètent vivement du traitement que subissent les Haïtiens en République dominicaine, en particulier ceux en situation irrégulière », critiquent les experts.


Plusieurs ressortissants haïtiens ont récemment été visés par des sanctions unilatérales, comme l’interdiction de voyager et le gel des avoirs. 52 Haïtiens sont également interdits d’entrée en République dominicaine.


Milo Milfort


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