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« L’absence de vaccination met en péril la santé de l’enfant »

  • il y a 1 jour
  • 4 min de lecture

Clertida Lamothe Cassamajor, médecin pédiatre et professeure d’université, nous a entretenus sur l’importance des vaccins en général, et des vaccins de routine en particulier, pour les enfants, y compris les nouveau-nés. Elle a également insisté sur la nécessité des doses de rappel. « Un vaccin n’est pas un jeu, il peut coûter la vie à un enfant. J’encourage tous les parents à faire vacciner leur enfant », a-t-elle déclaré lors d’un entretien accordé à Enquet’Action.

 

CP : Milo Milfort / EA
CP : Milo Milfort / EA

 

Enquet’Action (EA) : Quel est le rôle des vaccins de routine chez les nouveau-nés et les enfants ?


Clertida Lamothe Cassamajor (CLC) : Avant tout, il convient d’expliquer ce qu’est un vaccin. Cela permettra de comprendre pourquoi l’on administre des vaccins aux enfants, mais également aux adultes. Il est courant de penser que seuls les enfants sont concernés par la vaccination. Or, les vaccins peuvent être administrés à tout âge, selon la maladie ciblée.


Qu’est-ce qu’un vaccin ? Il s’agit d’une substance conçue pour affaiblir une bactérie responsable d’une maladie. Autrement dit, la bactérie demeure présente, mais sa capacité de nuisance est neutralisée. Le vaccin est administré à un individu en bonne santé, raison pour laquelle on ne vaccine pas une personne malade. Il s’agit d’un traitement préventif injecté dans l’organisme d’un individu sain afin de stimuler la production d’anticorps et de renforcer le système immunitaire.


Prenons l’exemple de la bactérie salmonelle, responsable de la typhoïde. Lorsqu’on l’utilise pour fabriquer un vaccin, c’est comme si l’on amputait ses membres et lui arrachait les dents : elle reste la même entité, mais sans pouvoir destructeur. Une fois introduite dans l’organisme, celui-ci reconnaît la salmonelle comme une menace potentielle. Il ne sait pas que cette version est inoffensive ; il réagit en produisant des anticorps pour se défendre. Ces défenses sont conservées pour être mobilisées en cas de rencontre ultérieure avec la bactérie.


La vaccination peut produire deux types de réactions. Premièrement, si l’organisme rencontre la bactérie, les défenses déjà présentes empêchent la maladie de se développer. Il est même possible d’être exposé au germe sans en ressentir les effets. Deuxièmement, si la bactérie est particulièrement virulente, l’organisme peut développer une forme atténuée de la maladie, sans gravité. Par exemple, une personne vaccinée contre la varicelle pourrait n’avoir qu’une dizaine de lésions cutanées au lieu d’une centaine. Cette forme atténuée ne met pas la vie en danger.


EA : Quelles sont les conséquences pour un enfant non vacciné ?


CLC : Un enfant non vacciné est extrêmement vulnérable, car son système immunitaire est immature, contrairement à celui d’un adulte. C’est pourquoi la vaccination est impérative chez l’enfant, alors qu’elle peut être facultative chez l’adulte. Si l’enfant ne rencontre jamais les germes responsables de maladies telles que la typhoïde, la méningite ou la pneumonie, tant mieux. Mais s’il y est exposé, les séquelles peuvent être graves, voire mortelles. Il est donc essentiel que les parents ne négligent pas la vaccination de leurs enfants.

 

EA : À partir de quel moment un enfant peut-il commencer à recevoir des vaccins ?


CLC : Cela dépend du type de vaccin. Certains peuvent être administrés dès la naissance, comme le BCG. Toutefois, tous les pays ne le proposent pas. Dans les pays nordiques, tels que les États-Unis ou le Canada, le BCG n’est plus utilisé, car les maladies qu’il prévient ont été éradiquées. En revanche, en Haïti, on administre le vaccin polio zéro, qui n’est pas utilisé aux États-Unis ni dans de nombreux autres pays. Le vaccin contre l’hépatite B, quant à lui, est administré dès la naissance dans tous les pays.


La vaccination dépend du pays, du calendrier vaccinal et des maladies endémiques. L’enfant reçoit ensuite des vaccins à deux, quatre et six mois. Cela varie selon le pays et le calendrier adopté. Par exemple, en Haïti, les vaccins contre la polio, le pneumocoque et l’hépatite B sont administrés à six semaines dans les structures publiques, tandis que dans les établissements privés, ils sont donnés à deux, quatre et six mois. Dans les centres de santé, les trois premières doses sont souvent complétées dès le troisième mois. Les vaccins fournis par l’État sont disponibles jusqu’à l’âge d’un an. Des rappels peuvent être administrés à 18 mois, et le DT à partir de dix ans.


Certains vaccins, comme ceux contre la typhoïde, la méningite, le méningocoque, l’hépatite A et le ROR (rougeole, oreillons, rubéole), ne sont disponibles que dans les hôpitaux privés, car l’État ne les reçoit pas en don. Les autres vaccins sont fournis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).


Il est important que les parents comprennent que lorsque l’infirmière leur annonce que la vaccination est terminée, cela signifie que les vaccins disponibles dans le centre ont été administrés. Pour les autres, il faut se rendre dans un hôpital privé. Je tiens à souligner que les doses de rappel sont tout aussi essentielles que les doses de base. Le rappel, comme son nom l’indique, vient renforcer la mémoire immunitaire. Après les trois premières doses, il est impératif d’administrer les rappels pour consolider les défenses immunitaires. Ils sont indispensables pour renforcer la protection de l’enfant.


EA : À partir de quel âge considère-t-on qu’un enfant ne peut plus recevoir de vaccins ?


CLC : En principe, à partir de dix ans. Toutefois, certains rappels peuvent être nécessaires. Par exemple, le vaccin contre la grippe peut être administré chaque année, selon le pays. Le calendrier vaccinal s’est élargi. Il existe désormais un vaccin contre le cancer du col de l’utérus, administré aux fillettes dès l’âge de dix ans. Initialement réservé aux filles, il est désormais proposé aux garçons, car ils peuvent transmettre le germe responsable de ce cancer.


EA : Quel conseil adressez-vous aux parents ?


CLC : Un vaccin n’est pas un jeu : il peut coûter la vie à un enfant. J’encourage vivement tous les parents à faire vacciner leurs enfants. Je suis consciente que cela représente un coût élevé, entre les centres de santé et les consultations chez le pédiatre, jusqu’à ce que celui-ci confirme que le calendrier est complet. Mais ne pas le faire peut entraîner de lourds regrets. N’oubliez pas de conserver les carnets de vaccination : ils sont d’une importance capitale. Protégez-les comme vous protégez l’acte de naissance de votre enfant.

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