En Haïti, le droit à la santé des gens rencontre toutes les formes de difficultés. Si dans les grandes villes les gens se plaignent pour la disponibilité et l’efficacité des services de soins médicaux, dans les zones reculées du pays, les populations n’ont même pas un centre de santé voire la possibilité de consulter un médecin. Ce qui aggrave les états de santé de cette catégorie de délaissé.e.s. Ainsi, pour atténuer ce problème, un groupe de médecins de la Grand’Anse a mis sur pied la Brigade d’Intervention médicale (BIM) en vue de voler au secours des plus vulnérables.
Créé en 2019, BIM est une Organisation non gouvernementale (ONG locale) mise au service de la santé en Haïti. Elle est à cheval sur deux départements : le Sud et la Grand’anse où se trouve son siège social. La structure a été créée en vue de répondre à un besoin pressent, à en croire son président. Mais avec le temps, elle a élargi ses horizons. « Si au début, BIM se concentrait uniquement sur la santé, aujourd’hui, nous avons trois domaines d’interventions : santé, eau, hygiène et assainissement, sécurité alimentaire et nutrition », nous informe le docteur Boutroce Gally Pierre, le principal responsable de la structure.
Il raconte que l’idée de créer cette organisation surgissait d’un constat. C’est, nous dit-il, ce problème que son ONG vise à atténuer. « J’ai travaillé dans un hôpital dans le Sud, en diagnostiquant les patients qui viennent des zones les plus reculées, j’ai constaté qu’ils ont des problèmes qui pourraient être traités par un médicament. Mais pourvu qu’il n’y ait pas de centre hospitalier dans leurs zones et qu’ils n’ont pas de moyens de descendre en ville, leurs cas se sont aggravés », nous contextualise le docteur Pierre.
Pour le fondateur de l’organisation, ces gens qui souffrent de tous les problèmes de santé dans les zones très éloignées sont ceux et celles qui nourrissent la ville en termes de produits alimentaires. Il était important de leur apporter la santé. « Ils nous apportent leurs fruits et leurs légumes… Il était important d’étudier cette possibilité de leur apporter du soin », précise le patron de BIM. Selon le Dr Pierre, l’organisation utilise la stratégie de coumbite pour mener ses actions. « Depuis le début, nous mettons ensemble nos ressources pour accomplir ce qu’on souhaite accomplir », souligne-t-il.
Des résultats satisfaisants ?
De septembre 2019 à mai 2023, la Brigade d’Intervention médicale (BIM) a touché plus de 30 mille personnes. Que ce soit à travers des formations ou des cliniques mobiles organisées dans les zones les plus éloignées. « Après le tremblement de terre du 14 août 2021, BIM était la première structure à arriver sur le terrain de la Grand'anse et du Sud en vue de prêter son secours aux victimes et nous sommes allés dans les milieux les plus reculés », souligne Boutroce Gally Pierre, numéro 1 de cette ONG.
Du même souffle, le médecin ajoute que la Brigade d’Intervention médicale apporte aussi un accompagnement psychosocial aux victimes des violences basées sur le Genre (VBG), sur la physiothérapie et sur certains troubles. Les impacts de l’organisation sur le département l’ont permis de bénéficier d’un partenariat pour la gestion d’un hôpital dans la Grand’Anse. « Aujourd’hui, nous gérons un hôpital à Jérémie dans le cadre d’un partenariat entre la BIM et l’Église méthodiste. Ce qui nous permet de multiplier nos actions », nous confie-t-il.
Cet hôpital que gère la BIM se situant à Gebo dans la Grand’Anse, représente depuis des années, une référence dans certaines spécialités comme l'ophtalmologie, l'odontologie et des maladies infectieuses comme la tuberculose… À en croire le Dr Pierre, la BIM entend renforcer ces capacités et accroître cette réputation. « Nous travaillons à mettre sur pied les services de base comme la pédiatrie. Nous voulons améliorer les services qui sont en baisse et faire de ce centre médico-social une référence du même rang que l’Hôpital Universitaire de Mirebalais et l’hôpital de Fonds des blancs », envisage le médecin.
Dans les activités de la BIM, les ressources humaines travaillent comme bénévoles. À l’exception des personnels de soutien. « Nous les payons selon nos moyens et parfois avec l’aide de certains partenaires », avance celui qui dirige l’institution.
Le Docteur Pierre s’enorgueillît du fait que la BIM est la seule ONG locale évoluant dans le domaine de la santé dans ces zones. Il s’octroie ce satisfecit en plus parce que l’organisation a été créée, dirigée par des haïtiens et elle marche comme sur des roulettes. Il soutient que cette structure reste un partenaire privilégié du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). « Peu importe la situation d’urgence qui s’impose, on est toujours prête à répondre », ajoute-t-il, soulignant qu’en période de carnaval, la BIM apporte tout son soutien à l’hôpital général de Jérémie.
À en croire M. Boutroce Gally Pierre, la Brigade d’Intervention médicale (BIM) reste et restera attachée à sa mission qui est celle d’apporter des soins médicaux aux personnes les plus vulnérables. Ces catégories se trouvent dans les zones les plus démunies. C’est pour lui à travers la BIM, un moyen d’aller à la rescousse du système de santé défaillant en Haïti. « Certaines fois, l’on rencontre des personnes âgées jusqu’à 80 ans qui n'ont jamais vu un médecin toute leur vie », se désole le médecin en chef de la BIM qui dit se servir de ce genre de situation pour donner un sens et renforcer sa détermination continue.
Jean Robert BAZILE
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
Comentarios