8 ans au compteur, Enquet’Action n’en démord pas, malgré les incertitudes
- 4 juin
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Ce 2 juin, votre média d’information et d’investigation en ligne, Enquet’Action, célèbre ses huit ans d’existence. C'est un autre anniversaire dans un pays qui se transforme lentement et sûrement en un no man’s land pour les journalistes. Une autre célébration dans l’un des plus grands trous noirs de l’information dans la région Amérique latine et Caraïbes.
8 ans à son compte. Vous dites que c’est l’instant des bilans, mais ce n’est pas le cas. Difficile de faire le bilan dans un pays où l’on ne peut pas se projeter, où l’on ne contrôle rien. Difficile de faire le bilan quand on se bat au quotidien pour rester en vie. Quand demain ne nous appartient pas. Aujourd’hui, encore moins.
C’est, de préférence, le moment de penser à notre survie, car toutes les conditions sont réunies pour qu’on ferme boutique dans ce contexte délétère. À une époque où des médias disparaissent comme des éclairs, d’autres se délocalisent pour fuir l’insécurité grandissante. Sans oublier que des médias ont été saccagés, pillés, puis incendiés. Du jour au lendemain, certains journalistes se sont retrouvés sans emploi. D’autres, sans maison.
Dans l’histoire récente d’Haïti, les journalistes et les médias n’ont jamais été confrontés à une telle situation, mettant en danger l’existence même de leur profession. Un cauchemar pour la presse. Des journalistes ont été tués, d’autres blessés. Sans oublier, ceux qui ont quitté le pays ou sont en instance de départ. Depuis au moins 2018, c’est la même chanson. Le même refrain. Parce que, loin de s’améliorer, la situation se détériore.
Garder le cap, notre cap, en dépit de tout !
Cette triste réalité pèse lourdement sur l’exercice de ce métier. Les médias s’engouffrent dans la facilité. Des journalistes se transforment en attachés de presse non officiels des institutions publiques et privées. La corruption bat son plein dans le secteur. Les dérives persistent et signent, transformant en de simples écrits, les principes éthiques et déontologiques.
Toutefois, nous ne pouvons passer sous silence nos petits exploits et réalisations inédites. Ce qu’on a pu concrétiser là où les autres ont échoué. Mais aussi et surtout la résilience qu’on fait montre. Nous avons résisté malgré vents et marées.
Il convient de vous le rappeler, qu’Enquet’Action est un média d’excellence, qui croit en un journalisme utile, de qualité et impactant. Nous croyons dans le journalisme qui prend du temps pour explorer, fouiller et remettre en question.
Nous sommes contre le journalisme passe-partout, le journalisme de connivence, de caniveau et de bas étage. Le journalisme dont l'existence se base sur la désinformation et la mésinformation. Nous misons sur l’exclusivité. Ce que vous ne remarquez pas chez les autres. Ce qui ne les passionne pas. Du lourd !
Nous allons vers les acteurs laissés de côté, autant que pour les sujets. Nos contenus, c’est ce qui reste et se perpétue quand les informations prêtes à porter et passent partout des autres ne tiennent plus. Nous nous évertuons à écrire l’histoire au présent, à laisser du lourd pour les générations à venir. Des contenus qui trouvent leur éternité dans leur qualité et profondeur.
Enquet’Action au-delà des défis…
Durant ses 8 années, nous n’avons pas pu faire tout ce que nous voulions. Nos réalisations sont peu nombreuses par rapport à nos objectifs. Disons-le, nous aurions pu mieux faire si la situation avait été différente. Ce ne sont pas des excuses, mais des faits. Le temps est dur. Les conditions d’exercice du journalisme le sont tout autant. Nous sommes pris dans un étau. Nous vivons dans une prison à ciel ouvert. Personne n’est en sécurité. Même la sécurité n’est pas en sécurité.
Nous ne pourrions passer sous silence cette occasion sans remercier ceux et celles qui nous supportent, nous aiment, nous tolèrent, nous suivent, nous lisent et nous regardent. Tout aussi ceux et celles que l’on dérange, qui ne se voient pas dans notre ligne éditoriale, qui se désabonnent à nous. Les institutions et les personnalités qui nous soutiennent autant que celles qui refusent de le faire.
La presse représente le dernier rempart lorsque tout semble s’écrouler. La presse ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra jamais. Tant qu’il y aura un public à informer, Enquet'Action restera en vie dans un Haïti en train de se transformer en désert de l’information. Nous continuons d’espérer et de croire en un avenir meilleur. Il est certain et encore sûr que la situation ne va pas rester telle qu’elle est.
Nous sommes certains qu’un jour nous aurons à conjuguer ce temps au passé. Et nous dirions que nous avons combattu le bon combat. Longue vie à tout ce résiste. Longue vie aux femmes et aux hommes qui résistent. Longue vie aux journalistes et aux médias qui résistent. Longue vie à Enquet’Action.
Milo Milfort
Msc en Management des Médias
Éditeur en chef de Enquet’Action
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