Alors que le phénomène du réchauffement climatique hante les esprits dans le monde, l’incendie, la disparition continue des espèces animales et végétales et l’abattage des arbres forestiers persistent dans les forêts en Haïti. Considéré comme le poumon de la Caraïbe, les Parcs Nationaux Naturels Forêt des Pins et Macaya disparaissent progressivement du paysage environnemental.
Sous l’œil passif des autorités locales et nationales, les ressources écologiques et de biodiversité s’effondrent petit à petit. Considérés comme le poumon de la Caraïbe, les Parcs Nationaux Naturels Forêt des Pins et Macaya sont sur le point de se retirer progressivement du paysage environnemental haïtien et caribéen. Incendie, abattage des arbres forestiers, disparition continue des espèces… les obstacles faisant barrage à leurs expansions sont multiples. Pourtant, ils sont « d’une grande utilité pour la biodiversité en Haïti », reconnaît Joseph Rolnald Toussaint, ex-ministre de l’Environnement, invités à ce programme radiophonique.
« Le Parc national Macaya représente pour Haïti un patrimoine incontestable et indispensable. Il contient à lui seul une importante source. Il sert d’habitat pour de nombreuses espèces animales et végétales que ce soit endémique ou exotique. Face au phénomène de changement climatique, ces forêts nationaux emmagasinent du CO2 qui nous est grandement utile tant en Haïti que dans la Caraïbe », poursuit-il. Agronome de formation et spécialiste en foresterie écologique, M. Toussaint pense que la création d’un parc naturel n'a d'autre objectif que de préserver les patrimoines naturels. Il s’agit d’un projet de territoire matérialisé par l’État. Le but ultime, selon lui, est d’établir tout un nouveau mode de relation entre la nation et les ressources importantes du pays.
En dépit des luttes menées par plusieurs organisations, Haïti semble encore être loin de passer au vert. « Il y a une perception à la fois économique et culturelle, base sur laquelle certains membres de la population locale, emportés par la précarité, s’engagent malheureusement dans l’abattage des arbres forestiers. Pour répondre à leurs besoins primaires, la combustion du charbon est leur seule alternative », déplore l’ex-ministre. Il souligne que des riverains se servent des aires protégées pour élever leurs bétails. Ce qui, d’après le spécialiste en foresterie écologique, a de graves répercussions sur le renouvellement et l’évolution des forêts nationales.
La loi de l’incendie dans les forêts !
Aux côtés du Corps de Surveillance environnementale, il y a l’effectivité du décret-cadre de gestion de l’environnement de 2006. Ce dernier est créateur de l’Agence nationale des Aires protégées (ANAP), qui en son article 54, a pour mission de gérer les forêts. Mais, les efforts conjugués par l’État dans la lutte de sauvegarde des forêts restent insignifiants. Le feu reste et demeure monnaie courant dans les aires protégées. Dans un rapport de la Direction de l’Inspection et de la Surveillance environnementale du ministère de l’Environnement (MDE), Haïti a recensé plus de 1000 incendies chaque année dans les forêts.
Joseph Ronald Toussaint qui se révèle d’un grand passionné de l’agriculture climato-intelligent et d’agro-écologie fait savoir que les saisons sèches suscitent beaucoup d’incendies. Selon lui, trois facteurs en sont à l’origine : le combustible, les matériaux et l’oxygène. « Lorsque le feu a atteint une surface de demi-hectare de terre, dans un forêt, on est en présence d’un sérieux et dangereux incendie.D’abord, les premières causes sont d’ordre naturel par rapport aux conditions météorologiques, climatiques et l’aggravation du phénomène de changement climatique. Cependant, les grands incendies de nos forêts sont de causes humaines », scande-t-il à l’émission Haïti-Climat.
M.Toussaint exige à L’État de voler au secours des aires protégées par tous les moyens rendant public son plan de sauvetage. « Pour sauvegarder nos forêts, la méthode de diverses luttes engagées doit axer sur les véritables causes des incendies. Il faut agir sur les masses combustibles afin d’isoler, stopper le feu. Aussi, on doit mener constamment des opérations d’extinctions dans les forêts. Les agents devraient équiper de petit extincteur pour combattre occasionnellement les étincelles de feu », propose l’ex-ministre, préconisant une approche basée sur un système intégré d’intervention et de maîtrise des incendies.
M.Toussaint souligne la nécessité d’un plan cartographique des incendies pour matérialiser les efforts. Toutefois, en se disant basé sur ses expériences à la tête du ministère de l’Environnement, sans langue de bois, l’agronome avoue que le MDE n’a pas de moyens d’intervention. « La tendance de son propre budget se situe entre 1 à 2 % du budget national », informe-t-il.
« Que comprendre des incendies de forêts aux Parcs Nationaux Naturels Forêt des Pins et Macaya ? Quelle approche ? », tel est le sujet abordé à l’émission Haïti-Climat ce jeudi 16 mars sur les ondes de la radio Magik 9.
Pierre-Samuel MARCELIN
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
Comments