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En Haïti, des journalistes flirtent avec les dangers du quotidien pour informer la population

La dégradation de la situation sécuritaire du pays inquiète. Les vols, viols, attaques armées, assassinats et actes de kidnapping atteignent une proportion inédite. Les gens vivent la peur au ventre, l’inquiétude et l’incertitude envahissent les cœurs et les esprits. Etudiants.es, écoliers. ères, professionnels.les, commerçants.es et simples citoyens.nes avant d’investir les rues se font l’obligation d’écouter des radios chaque matin pour savoir ce qui s’y passe.


Coup de projecteur sur des rubriques présentées dans diverses éditions de nouvelles matinales telles Kòman Lari an ye de Mackenson Rémy sur la Radio Télévision caraïbe (RTVC), Travèse d’une pléiade de journalistes éparpillés sur la région métropolitaine de Port-au-Prince au service de Radio Méga, Zénith Lakay ou sur les ondes de la Radio Télé Zénith (RTZ) et à travers les rues du chroniqueur sportif John Chéry sur la Radio Télé-Métropole. Toutes, des rubriques qui mettent en vedette des journalistes qui parcourent la région de Port-au-Prince du lundi au vendredi en vue d’indiquer la tension de la ville à la population.


Être plus proche, protéger et guider son auditoire contre l’insécurité grandissante au pays, tel est l’objectif qui a poussé plusieurs médias à créer ces rubriques. C’est du moins ce qu’a découvert une investigation menée par Enquet’Action, le média d’information et d’investigation en ligne.




Enquête


Mélissa Avedard, étudiante à la Faculté des Sciences humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), habite à Tabarre 27. Du lundi au vendredi, au petit matin, elle écoute le journal Premye Okazyon sur la Radio Télévision caraïbe (RTVC) pour suivre la rubrique de Mackenson Rémy, dénommée Kòman lari an ye (Comment est la rue). Connu sous le sobriquet de 4x4, le présentateur fait la description de plusieurs endroits de Port-au-Prince qu’il a sillonnés. « Quand j’écoute Caraïbe FM chaque matin grâce à 4x4 j’ai une idée de la situation sécuritaire de différentes zones de la capitale », a déclaré la jeune fille qui dit n’avoir jamais rencontré de grands obstacles sur sa route quand elle sort le matin.


Mme Avedard n’est pas la seule à écouter une telle rubrique. Wideline Moimême habite à Delmas 33, elle dit écouter 4x4 pour avoir le contrôle de la route avant de sortir pour aller travailler. Un jour elle a failli faire face à des difficultés si elle n’avait pas écouté Mackenson Rémy. « Un matin je devais aller au boulot, j’ai entendu 4x4 sur la Radio caraïbe affirmer que la situation se dégénère sur l’autoroute de Delmas tout près de la Télévision nationale d’Haïti. J’avais donc pris un taxi et lui avais demandé d’éviter la zone », se souvient Mme Moimême.


Des témoignages du genre, il en existe non seulement pour Kòman lari an ye, A travers les rues, mais aussi et surtout pour Travèsesur Radio Méga basée à Pétion-Ville et Zénith Lakay ou de la Radio Télé Zénith (RTZ) basée en Plaine. À chaque média, son public, à chaque public, son média. Chacune de ces rubriques est suivie par une frange de la population. Enquet’Action était allé voir les tenants de cette rubrique alors qu’ils étaient en train de traverser.


Traversons la région de Port-au-Prince


En effet, « Travèse » est une rubrique du journal créole « Méga Matin » diffusé sur Radio Méga du lundi au vendredi entre 5 h et 7 h. La rubrique, qui a pris naissance après les émeutes des 6 et 7 juillet 2018, a pour but de faire la radiographie de différentes zones de la région métropolitaine en vue de faire savoir au public comment elles se portent. Pour ce faire, les présentateurs du journal appellent chaque matin tous les journalistes et correspondants de la radio pour leur demander comment leurs zones se réveillent.


La rubrique a pris naissance dans un contexte difficile. Au fait, les responsables de la radio voulaient être le plus proches possible de la population. « Cela fait partie de notre philosophie », a déclaré Jean Philippe Macéant (JPM), coordonnateur de la salle des nouvelles de Radio Méga. On avait constaté qu’il y avait une nécessité, car des gens avaient besoin de savoir si les routes sont bloquées ou non, avant de sortir. Donc, pour remédier à la situation, on a inséré cette rubrique dans le journal ». Selon JPM, les débuts de la rubrique n’ont pas été du tout faciles vu la situation qui prévalait dans le pays à l’époque. Mais, après trois années, le staff s’est agrandi. « On avait commencé avec six journalistes. On vient de renforcer l’équipe avec des stagiaires, donc on en a plus d’une dizaine maintenant », se réjouit-il dans une entrevue avec le journal d’information et d’investigation en ligne Enquet’Action.


John Wesley Janvier est originaire de Saut-d’Eau dans le département du Centre. Il a intégré l’équipe de Radio Méga en 2018 dès le début de la rubrique « Travèse » dans le 1erjournal créole titré « Méga Matin » à l’appel de son ancien camarade et actuel collaborateur Sonny Étienne. M. Janvier est basé en Plaine. Il doit sillonner les différents quartiers et gares routières de son périmètre (gare routière de Thiotte, de Malpasse, Duval, Carrefour Marassa, Gérald bataille, Carrefour, Fleuriot, etc.) pour préparer un papier avant le début du journal afin de rapporter les pouls des rues sillonnées. « Travèse » est la deuxième rubrique du journal qui suit le bulletin météorologique présenté par Chrisnette Saint-Georges. « Chaque matin, je sors à 4 h 30 pour sillonner les rues ainsi que les gares routières de ma zone », déclare-t-il. Tout comme John Wesley Janvier, Abdias Aristil se réveille dès 4 h pour prier avant de sortir. Abdias Aristil, lui aussi, a commencé en 2018. Il arpente une partie de Pétion-Ville, Fermathe et Fort-Jacques. « C’est un exercice que je fais avec passion. Il n’y a pas beaucoup de gens qui vont se lancer dans une telle activité avec amour », avoue le travailleur de la presse.


Messieurs Janvier et Aristil ne sont pas journalistes à temps plein à Radio Méga. Après avoir animé une émission matinale et présenté le résumé de la situation routière de leurs zones respectives dans la matinée, ils sont libres de tout mouvement durant la journée. « Je co-anime une émission évangélique à la radio. Je couvre des activités pour la radio par occasion juste pour donner de “courtes informations” en direct si les faits se déroulent dans ma zone », explique Abdias Aristil. Pour se déplacer, les journalistes utilisent plusieurs moyens. Il y en a qui se déplacent à pied, d’autres à l’aide de leurs propres véhicules ou en transport en commun, tout dépend de la zone à couvrir, a fait savoir M. Macéant. « Fort souvent il y a des chauffeurs de tap-tap qui ne veulent pas s’arrêter en cours de route pour que je puisse monter », regrette John Wesley Janvier qui doit parcourir les gares routières de Thiotte, de Malpasse, Duval, Carrefour Marassa, etc.


Makenson Rémy avec son 4x4 sur la bande FM


Makenson Rémy pratique le journalisme depuis au moins deux décennies. Il a prêté ses services à plusieurs médias en Haïti ainsi qu’à l’étranger et a rejoint l’équipe de Radio Télévision Caraïbes (RTVC) au début des années 2000. Avant de prendre les reines de la rubrique « Kòman lari a ye », il assurait la couverture d’activités culturelles ainsi que de grands événements de l’actualité politique en réalisant des directs pour la station de la rue Chavannes. Ce n’est qu’en 2010 qu’on a inséré la rubrique dans le journal matinal Premye Okazyon. « La rubrique a pris naissance dans le but d’aider les gens à se protéger contre les actes d’insécurité dans la capitale. Au départ, c’est Euvrard Saint-Amand qui présentait la rubrique. Il sillonnait seulement les zones de Portail Léogâne », rappelle Mackenson Rémy, qui dit prendre la tension de la rue au travers de sa rubrique.


Mackenson Rémy parcourrait environ six communes chaque matin pour observer les rues afin d’informer la population. « Dès 3 h du matin, je dois investir les rues pour sillonner Pétion-Ville, Delmas, Carrefour, etc. », dit-il. Il y avait plus de trois chauffeurs qui avaient l’habitude de le conduire chaque matin, mais ils l’ont presque tous abandonné par peur. « J’avais plusieurs chauffeurs. Certains ont fait marche arrière à cause des pressions familiales. Maintenant, il n’y a qu’un seul qui reste avec moi », confie avec fébrilité celui que tout le monde connaît sous le sobriquet de 4x4. Dans sa rubrique, il utilise des slogans ou des expressions médicales pour parler de la situation de certaines zones. 12x8 (niveau d’une tension artérielle normale), pour dire que la situation est calme. Et, « veye kote w ap met pye w » en vue d’alerter la population sur des zones en ébullition sont, entre autres, les expressions qu’il aime utiliser. « Je les utilise parce que je veux être le moins vulgaire possible. Je ne veux pas choquer les gens comme le font des émissions politiques sur certains médias », continue l’ancien journaliste de Radio Antilles international (RAI).


« Les trois axes connectés à Pétion-ville se sont réveillés 12 par 8 », dit-il pour signaler que tout va bien sur la ville.


Et John Chéry nous mène « À travers les rues »


John Chéry est l’un des chroniqueurs sportifs les plus anciens du pays. Depuis 10 ans, il fait tous les matchs de football à Télé-Métropole. Mais le vieux de la vieille qu’il est dans le journalisme sportif ne fait pas que cela. Sur Radio Télé-Métropole, il présente la rubrique « À travers les rues ». Nous l’avions rencontré dans le cadre de notre enquête sur les différentes rubriques qui aident la population à avoir le contrôle de la rue avant de sortir. « Cette rubrique date plus d’une dizaine d’années. Elle a été initiée par Bob Lemoine, un des trois membres fondateurs de Radio Métropole. Elle a été ressuscitée par le PDG Richard Widmaïer. Je l’ai présentée pendant longtemps avec Anne Daphnée Lemoine, fille de Bob Lemoine. J’étais dans la rue et elle en studio pour m’introduire dans un espace du journal du matin de Métropole », confie-t-il à Enquet’Action.


On avait essayé plusieurs formules, a fait savoir M. Chéry. Parmi lesquelles, citons : sortir très tôt dans la rue et repérer les anomalies, au fur et à mesure que les gens lui envoyaient des informations pour les aider. Et pourquoi M. Chéry ? « Parce que les services publics à Port-au-Prince les négligent et ne font rien », répond-il. Sont concernés par les griefs de la population, le ministère des Travaux publics, transport et communication (MTPTC), la voirie, les fatras, l’Électricité d’Haïti (Edh) et le blackout, la Direction nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement (DINEPA), la circulation d’automobile, les mairies de la région de Port-au-Prince, l’Office d’assurance véhicule contre tiers (OAVCT), les nuisances nocturnes, l’Hôpital de l’université d’État d’Haïti (UEH).


« Toutes les informations et les mises à jour pour la circulation, les trous sur la chaussée, l’EDH, la Dinepa et autres », c’est ainsi qu’il définit sa rubrique sur Facebook.


« Zénith Lakay ou » (Zénith chez vous)


Le staff de la Radio Télé Zénith (RTZ) a débuté avec la rubrique « Zénith Lakay ou », le 2 janvier 2020. Elle allait être suspendue au début de février 2021 en raison d’une modification qu’avait au niveau de la programmation du média. La rubrique reprend ses droits depuis le 7 juin 2021. « Maintenant, on sillonne beaucoup plus d’endroits qu’avant », a fait savoir Lunie Joseph, nommée directrice générale de la RTZ début mai 2021. « Nous voulons être plus proches de la population. Nous voulons aider les gens en les informant sur ce qui se passe dans différentes zones du pays. Cela permet aux gens d’avoir une directive avant d’emprunter les rues. Donc, c’est pour cela que nous dépêchons nos reporters de très tôt chaque matin », explique l’ancienne coordonnatrice générale de la salle des nouvelles de l’institution tout en soulignant que cette rubrique a été conçue pour mieux servir la population haïtienne.


Entre reporters et correspondants, la rédaction de la RTZ mobilise généralement plus d’une dizaine de journalistes pour présenter la rubrique qui passe dans le journal spécial du matin « 5-7 Areya kòd nouvèl la » diffusée de 5 h à 7 h. Chaque journaliste a deux minutes pour faire la radiographie de sa zone, rappelle Mme Joseph. Alors que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, les journalistes doivent se réveiller tôt pour aller sur le terrain à la cueillette de l’information pour pouvoir alimenter la rubrique. « La population aime ce que nous faisons. Les gens protègent nos journalistes, se réjouit Lunie Joseph. Mais, on demande aux journalistes de ne pas trop s’exposer dans des zones à risque quand ils sont en exercice ».


Une activité risquée…


« Depuis l’insécurité, il y a deux à trois ans, Métropole ne veut plus que j’aille sur le terrain le matin très tôt. On travaille différemment avec la base de données et pendant la journée j’observe tout ce qui peut aider les gens et je prépare mon texte pour mon intervention », raconte John Chéry qui présente à l’antenne des émissions sportives en semaine et en week-end. « Ma rubrique passe en direct aux environs de 7 h 50 du matin ». Un des risques importants encourus par les présentateurs, ce sont notamment les problèmes de connexion récurrents qui arrivent avec les compagnies de téléphonies mobiles du pays, constate Enquet’Action. Mais, il n’y a pas que ça.


Chaque matin, les journalistes qui participent à la rubrique « Travèse » sur Radio Méga doivent se réveiller de très tôt. Même si la prudence est de mise, cela ne leur évite pas certains obstacles dans les rues. « Des fois je rencontre des chiens abandonnés qui tentent de me dévorer. J’ai l’habitude de croiser des hommes armés aussi », confie John Wesley Janvier. Au fait, il n’est pas le seul à rencontrer des difficultés. Durant les deux premières années, Abdias Aristil eut à faire face à deux obstacles majeurs. N’était-ce pas sa perspicacité, il aurait pu être victime. « J’ai failli me faire dépouiller par des voleurs à deux reprises. La première fois, c’était à Pétion-Ville non loin de la radio et l’autre fois c’était à Fort-Jacques », raconte M. Aristil. C’est une activité risquée, constate Enquet’Action. « Je ne dors pas assez, car j’ai une alarme qui me réveille dès 3 h 45. Ce qui peut avoir un impact considérable sur ma santé et ensuite il y a l’insécurité ».


Selon le coordonnateur de la salle des nouvelles de Radio Méga, M. Macéant, des larrons ont déjà braqué plusieurs de ses journalistes et emporté leur téléphone en plein exercice de leur métier. Malgré les difficultés rencontrées, Abdias Aristil et John Wesley, Janvier ne souhaitent pas mettre fin à l’aventure. « De mon côté, je trouve souvent des mots d’encouragement, dit M. Aristil. Toutefois, il dénonce les gens qui remettent en question leur travail. Il y a des gens qui disent qu’on ne sort pas vraiment pour faire le travail ».


Tout comme les journalistes de radio Méga, 4x4 rencontre des difficultés sur le terrain quand il sillonne les coins de la capitale pour la RTVC. « Des bandits ont tenté de m’attaquer à plusieurs reprises, fait savoir Mackenson Rémy qui a déjà été honoré pour sa rubrique. « J’ai l’habitude de croiser des dizaines de chiens, des bandes de rara vêtues d’uniformes portant des drapeaux. Je ne peux pas dire que ce sont des “Chanpwèl” (société secrète), car scientifiquement on ne peut pas le prouver ». Il dit avoir aussi échappé à des tentatives de kidnapping à Nazon. Le hic, c’est qu’il ne divulgue pas ses mésaventures au grand public. « Je n’ai jamais relaté ces faits sur les ondes de la radio pour ne pas affecter l’auditoire », argue-t-il. Malgré vents et marées, 4x4 reste très motivé pour continuer à faire son travail. « C’est ma contribution », termine-t-il.


Un travail inédit qui mérite des suivis…


Insalubrité dans les rues, sécurité routière, inconnus remarqués dans une zone, présence policière dans les rues, des S.O.S. à lancer, le blackout dans certaines zones, faits à signaler, la route en état de délabrement, la présence des élèves dans les rues, les activités de transport, la circulation routière, l’activité dans les gares, l’apparition des marchands.es dans certains espaces publics, les activités commerciales dans différentes zones et carrefours… Ces rubriques constituent à n’en point douter, les yeux de la population. Ils nous indiquent la température de la ville. « Vous pouvez traverser sans aucun problème », conseille Ulysse Fritson à la fin de sa présentation sur Radio Méga où les collabos à ces rubriques se considèrent comme les yeux et les oreilles de la population. Vous pouvez traverser, mais soyez prudents, prêchent généralement ces rubriques quand la tension est normale. « Fòk ou toujou voie kote w ap met pye w (vous devez surveiller là où vous vous mettez les pieds) », soutient toujours Mackenson Rémy pour appeler les gens à la prudence.


« Comme il y avait de plus en plus de sujets, Métropole a préparé une base de données que je gère moi-même au service de la population », déduit de son côté John Chéry qui affirme ne faire face à « aucun obstacle. Au contraire, ils me remercient de la collaboration. Les gens parfois m’appellent même la nuit. Il n’y a aucun service public. Si ces dirigeants qui écoutent Métropole voulaient suivre la rubrique, beaucoup de choses auraient changé », estime John Chéry.


Sur les quatre rubriques, dans au moins deux, on permet à la population de faire passer ses griefs à travers un numéro de téléphone mis à leur disposition. À travers les rues, John Chéry sur Radio Télé-Métropole et Mackenson Rémy reçoivent des centaines de messages et d’appels par mois. « C’est là qu’ils peuvent parler aux autorités, le président, les directeurs généraux, le Premier ministre autour de différents problèmes qu’ils confrontent en ce moment », dit souvent Mackenson Rémy qui exige parfois en direct l’intervention d’autorités pour résoudre un problème urgent. Sur ce numéro, les griefs viennent de tout le pays.


Pour Mélissa Avedard et Wideline Moimême, ces genres de rubrique ont une grande importance dans une radio. Elles aident les gens à éviter des dangers sur leurs parcours. « La rubrique nous permet d’avoir une importante information sur la situation sécuritaire de plusieurs coins du pays. Elle nous aide à nous protéger contre d’éventuels dangers. Par exemple, un pylône électrique qui s’est renversé sur un tronçon de route ou encore un accident qui s’est produit au cours de la nuit ou tôt dans la matinée », explique Mme Avedard.


Wilson Jabouin, spécialiste en politique publique et professeur à l’Université d’État d’Haïti (UEH), reconnaît l’utilité de ces rubriques dans le paysage médiatique et social du pays. Selon lui, elles ont leur importance en raison de l’instabilité politique et l’insécurité qui prévalent en Haïti. Une idée que partage Danio Darius, spécialiste en Management des Médias. « C’est une très belle initiative de la part de certaines radios qui déploient des journalistes pour sillonner des rues et rapporter ce qu’ils ont vu à l’auditoire. Cette initiative est importante parce que le pays est très instable ces dernières années. Ce qui met les auditeurs. rices dans l’incertitude. Donc, l’initiative oriente les gens qui sortent de très tôt », analyse M. Darius.


Toutefois, le professeur Wilson Jabouin pense qu’une seule personne ne peut réaliser une telle rubrique. Selon lui, les éditions de ce genre qui se réalisent avec un seul journaliste ne sont pas du tout efficaces. « Comment une personne peut parcourir tous ces périmètres pour observer et ensuite préparer un compte rendu en si peu de temps ?, se questionne le spécialiste. Il faudrait mobiliser plusieurs journalistes ». D’après le professeur, l’initiative rentre dans le cadre de la mission d’informer la population que charrient les médias. « Ce sont des informations basiques », précise M. Jabouin. La responsabilité sociale d’une institution médiatique, dit-il, est beaucoup plus que ça, nuance-t-il plus loin. « Pour parler de mission sociale d’un média, il faut qu’il ait des émissions bien structurées sur des thématiques très importantes. Il nous faut des émissions éducatives dans la programmation des médias pour éduquer la population », a-t-il recommandé.


Pour sa part, Danio Darius croit qu’il y a des choses à améliorer. Il encourage les journalistes à aller en profondeur après avoir constaté certains problèmes. « Ils ne doivent pas seulement signaler le problème qu’ils voient dans une simple rubrique, insiste-t-il. Il faut qu’il y ait des suivis. Les journalistes doivent aussi réaliser des reportages sur ces problématiques pour mettre les faits dans l’opinion publique afin de pousser les autorités à prendre des décisions », conclut le spécialiste en Management des Médias. Somme toute, À travers les rues, Travèse, Zénith Lakay ou et Kòman lari an yeont toutes leur importance dans un pays en proie de manière récurrente à l’insécurité grandissante. Cependant, il importe de reconnaître que nos autorités font preuve de nonchalance quant au suivi à donner aux faits relatés quotidiennement dans ces rubriques. Alors reviendrait-il à nos journalistes de ne point lâcher prise, mais de s’atteler davantage à approfondir les problématiques et enjeux évoqués.


Par Molière Adely et Milo Milfort

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