Grossesses précoces en milieu scolaire en Haïti : les dessous d’une plaie béante
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En janvier 2021, une enquête menée par l’Organisation des citoyens pour une nouvelle Haïti (OCNH) dans le département de la Grand’Anse a révélé que les grossesses en milieu scolaire constituent un problème qui menace le système éducatif en général et la scolarisation des filles en particulier.
Pour preuve, l’ONG de défense des droits humains a enregistré 78 élèves enceintes, dont 25 âgées de 12 à 17 ans ont eu leur grossesse alors qu’elles étaient encore en classe de 9e année fondamentale. Parmi ces 78 élèves, seules sept ont pu retourner à l’école après avoir donné naissance. Quatre ans après ces révélations chocs, qui sont loin de refléter la gravité du phénomène, la situation reste toujours préoccupante à travers le pays.
Les grossesses précoces mènent le plus souvent à l’abandon scolaire des jeunes concernées, qui sont souvent exclues de la société et risquent de s’enfoncer dans l’extrême pauvreté.

Texte : Jeff Mackenley GARCON, Emanika Jhovanie Georges et Milo Milfort.
Caméra et montage : Djimwood Laporte.
Photos : Georges-Harry Rouzier.
EnquêteÂ
« C’est bien fait pour toi ; tu l’as bien cherché. » « C’est de ta faute. » « C’est à cause de ta façon de t’habiller. » « Tu n’aurais pas dû être à cet endroit à ce moment-là . »
De tels propos ne sont pas rares en Haïti. Ils sont généralement adressés aux filles et aux femmes victimes de violences sexuelles. Pour se protéger, les victimes préfèrent garder le silence. Cette omerta est encore plus conséquente lorsque l’acte subi conduit à une grossesse précoce. Il y a un peu plus d’un an, Enquet’Action avait lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. L’objectif : pouvoir raconter l’histoire d’une élève victime de grossesse précoce tout en garantissant l’anonymat. Après plus d’un mois d’attente, personne ne s’était manifesté. C’est comme s’il s’agissait d’un phénomène inventé, loin de toute existence dans la réalité de tous les jours.
Pour essayer de comprendre cette absence de témoignages, nous nous sommes rendus à la SOFA (Solidarité Fanm Ayisyèn), une organisation qui vient en aide aux femmes haïtiennes. Depuis des années, cette organisation féministe assure la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre, dont les violences sexuelles, à travers ses centres Douvanjou. Grande surprise : aucune donnée sur les grossesses précoces n’y est disponible. « La raison ? Eh bien, lorsqu’une petite fille tombe enceinte, elle n’en parle pas. Et lorsque ses parents l’apprennent, ils ne le signalent pas aux autorités étatiques ni aux organisations locales », nous fait savoir Dahana Dieu Amisial, membre du personnel du centre Douvanjou de Port-au-Prince de la SOFA.
Selon elle, des familles agissent ainsi pour une question d’honneur. « Pour préserver l’honneur de la fille et de la famille, les parents optent soit pour un mariage arrangé, soit pour un avortement clandestin. Une situation qui nous empêche de fournir des chiffres et de déterminer si le nombre de grossesses précoces est en hausse ou en baisse à travers le pays », explique Dahana.
Si le silence qui entoure le phénomène nous empêche d’en connaître la portée réelle, une chose est pourtant sûre : il est présent dans les écoles. Dans plusieurs cas, ce sont les professeurs ou des membres de l’administration qui en sont à l’origine. « Parler de grossesse précoce dans les écoles, c’est aborder la question du harcèlement sexuel qui y est présent. Lorsque le corps des filles commence à se développer, des enseignants qui viennent dispenser leurs cours y voient une occasion de leur faire des avances et d’avoir des relations sexuelles avec elles. Des relations qui peuvent conduire à des grossesses précoces, puisqu’il s’agit de petites filles », poursuit Dahana.
" Lorsque les parents d'une petite fille qui tombe enceinte l’apprennent, ils ne le signalent pas aux autorités étatiques ni aux organisations locales ", Dahana Dieu Amisial.
La Grand’Anse : la partie visible de l’iceberg
Les cas de viols sur mineures, d’agressions sexuelles et de grossesses précoces ont été particulièrement nombreux dans le département de la Grand’Anse, situé à environ 300 kilomètres au sud de Port-au-Prince. En août 2020, cette région a défrayé la chronique après que le directeur d’une école eut annoncé que 40 de ses élèves étaient tombées enceintes. Une enquête de l’Initiative départementale contre la traite et le trafic des enfants (IDETTE), une ONG active dans la région, a révélé par la suite que 74 élèves, dont 44 mineures, étaient tombées enceintes. Les victimes étaient issues de huit écoles des deux communes concernées par l’enquête.
Les années ont passé et la situation reste toujours aussi préoccupante. Une médecin généraliste exerçant dans le département nous a révélé qu’une dizaine d’adolescentes accouchent chaque mois à l’hôpital où elle travaille. « Elles ont généralement entre 14 et 17 ans. Même si leur état clinique est généralement stable, leur corps n’est pas du tout prêt pour une grossesse. Les choses peuvent se compliquer jusqu’à atteindre l’éclampsie, qui se manifeste par des crises convulsives mettant la vie de la mère en danger et pouvant entraîner de graves maladies chez le bébé », nous a-t-elle expliqué.
Sur les dix grossesses précoces que l’hôpital enregistre en moyenne par mois, plusieurs sont le résultat de viols, a poursuivi la généraliste. Le dernier rapport de l’IDETTE fait état de 186 cas de viol, dont 153 sur mineures, et de 34 tentatives de viol, dont 24 sur mineures, enregistrés dans la Grand’Anse au cours de l’année 2024.
" A l'hôpital ou je travaille, une dizaine d’adolescentes, âgées entre 14 et 17 ans, accouchent chaque mois. "
Selon Gérald Guillaume, le coordonnateur de l’IDETTE, le département enregistre de nombreux cas de violences sur mineures. « Il y a même eu un cas d’inceste où un jeune homme de 27 ans a violé sa petite sœur de 16 ans et l’a mise enceinte », nous a-t-il expliqué.
Même si les cas recensés paraissent inquiétants, ils ne reflètent pas la réalité. Selon M. Guillaume, les statistiques de l’IDETTE ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. « En ce qui concerne le nombre de victimes de grossesses précoces, nous n’avons pas de chiffres exacts. Tout ce que nous pouvons dire, si l’on se base sur les trois dernières années, c’est que les chiffres explosent de plus en plus au niveau du département », fait-il savoir.
À l’origine de cette situation, des professeurs, des membres de l’administration de certains établissements scolaires ou d’autres membres de la communauté qui exploitent la vulnérabilité socio-économique des élèves. En particulier, celles qui ont abandonné la campagne pour les villes. « Pour pouvoir se rendre à l’école, certains enfants s’installent dans les villes sans leurs parents qui n’ont pas les moyens de déménager. C’est cette catégorie d’enfants qui sont les plus vulnérables et qui sont victimes d’abus sexuels pouvant conduire à des grossesses précoces et à l’abandon scolaire », développe M. Guillaume.

Une Justice absente, des victimes punies et une impunité persistanteÂ
 
Dans les scandales de grossesse précoce, les condamnations, les jugements ou même les emprisonnements sont rares. Et lorsque le présumé coupable est un notable de la communauté, il utilise ses relations pour échapper à la prison. Gérald Guillaume relate le cas d’un pasteur condamné en 2018 pour avoir mis en enceinte une fille de 14 ans dans la Grand’Anse. Après avoir été emprisonné, un juge a voulu le faire libérer. Il a fallu qu’un avocat de l’Initiative départementale contre la traite et le trafic des enfants (IDETTE) intervienne pour empêcher cette libération.
Toutefois, de telles victoires sont rares. L’impunité qui y règne fait souvent échec à la justice. « Même si les communautés dénoncent souvent de tels actes de violence, si l’accusé est un proche, elles essaient de trouver un arrangement avec lui. Parfois, ce sont les parents qui entravent le travail de la justice en autorisant la victime à signer un acte de désistement permettant à l’accusé de prendre soin de l’enfant sans encourir de peine pénale », précise Gérald Guillaume.Â
La Grand'Anse n’est pas une exception dans le paysage haïtien, la situation est tout aussi compliquée dans d’autres départements du pays, selon Auguste D’Meza, ancien membre du cabinet d’un ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). « Dans le nord-est, où le taux de malnutrition est de 30 %, beaucoup de jeunes filles couchent avec des professeurs, des avocats et des policiers pour aider leurs parents. Tout le monde est au courant de cette situation », nous dit-il. Et lorsqu’une grossesse précoce survient, c’est la victime qui est culpabilisée. « Dans le Centre, celles qui sont tombées enceintes ont parfois la chance de pouvoir retourner à l’école. Mais dans le nord-est, elles sont pointées du doigt et privées d’école. Tout ça, pour protéger l’agresseur », poursuit Auguste D’Meza.
Si les agresseurs s’en sortent souvent indemnes, il est en revanche difficile de dire autant des victimes, souvent stigmatisées, voire exclues de leur communauté. Selon Dahana Dieu Amisial, membre de l’organisation féministe SOFA, ce sont les écoles qui sont les premières à les exclure : « La fillette qui est tombée enceinte ne pourra pas poursuivre ses études. Elle devra changer ses projets de vie », soutient-elle. Selon elle, après avoir enfanté, des contraintes socio-économiques empêcheront la victime de reprendre le chemin de l’école. « D’une part, le père de l’enfant va s’y opposer afin d’avoir plus de contrôle sur elle. D’autre part, les sanctions sociales vont la pousser à se mettre à l’écart. Nous sommes dans une société qui fait croire aux femmes (et aux filles) qu’elles n’ont plus la même valeur sociale après avoir enfanté ».
Elles verront aussi leur potentiel professionnel diminuer considérablement. C’est l’avis de Berthanie Belony, secrétaire générale de la SOFA, qui souligne qu’une fille qui ne termine pas ses études classiques hypothèque grandement ses chances de décrocher un emploi. « Déjà , lorsque tu as bouclé ton cycle d’études, on te demande parfois des faveurs sexuelles pour entrer dans le monde professionnel. C’est encore pire si tu ne parviens pas à le terminer. Tu te retrouves alors dans une situation où tu ne peux pas intégrer le marché du travail ». Selon ses observations, une personne sans moyens économiques, dans une situation difficile et qui ne peut pas subvenir à ses besoins, va sombrer beaucoup plus facilement dans la délinquance ou la prostitution.Â

Pour éviter de tomber dans ce cycle infernal, il faut traiter le problème à la racine. Selon Mme Belony, les fillettes victimes de harcèlement dans les écoles doivent pouvoir en parler. « Nous avons pu observer qu’une fille victime d’abus sexuels aura tendance à se refermer sur elle-même. Ce qui peut déboucher sur des traumatismes, la dépression, l’abandon scolaire ou la décision de ne plus suivre les cours. Tout cela peut expliquer le nombre d’abandons scolaires des filles. » Mme Belony dénonce le fait qu’elles ne puissent pas en parler et qu’il n’y ait pas de cours de sensibilisation. Il n’y a pas de cours d’éducation sexuelle, car le sujet est tabou. On n’en parle même pas dans les foyers.
" Dans le nord-est, beaucoup de jeunes filles couchent avec des professeurs, des avocats et des policiers pour aider leurs parents ", Auguste D’Meza, ancien membre du cabinet d’un ministre de l’Éducation nationale.
Des écoles libres de gérer à leur manière le problème des grossesses précoces
Il n’existe pas non plus de directives étatiques en la matière. Pourtant, une élève enceinte est considérée comme une personne à besoins spéciaux. C’est l’avis de Louis-Pierre Janvier, coordonnateur de la Commission d’adaptation scolaire et d’appui social (CASAS), une structure étatique ayant pour mission de faciliter l’inclusion scolaire en Haïti. « Puisque l’État ne prend pas position sur le sujet, les établissements scolaires ont tendance à gérer la situation à leur manière », souligne le responsable de l’instance étatique.
La gestion de cette situation par les établissements scolaires se résume trop souvent à renvoyer l’élève. Selon M. Janvier, d’autres solutions devraient être envisagées. « L’élève enceinte n’est pas obligée d’être renvoyée de l’école. Elle n’est pas non plus obligée de rester dans la même salle de classe que les autres. Elle peut être redirigée vers une autre classe de la même école, ou vers une école spécifique, ou encore attendre de pouvoir réintégrer le système lors d’un autre trimestre ou d’une autre année académique après son accouchement », propose-t-il.

Si quelques années après leur accouchement, des élèves souhaitent reprendre leur scolarité, elles se heurtent à un autre problème : leur âge. Selon Pierre-Louis Janvier, le système scolaire ne permet pas à un.e élève ayant abandonné l’école en classe de 6e année fondamentale de reprendre ses classes passé ses 30 ans. M. Janvier y voit là aussi un sujet d’exclusion.
Quand l’État s’en remet aux ONG 
Dans ce contexte où l’État démissionne, les organisations féministes et féminines ainsi que d’autres associations montent au créneau : formations, discussions, plaidoiries… elles sont sur tous les fronts. Dans ce combat, Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA) met à la disposition des fillettes tombées enceintes après avoir été sexuellement abusées 22 cliniques et centres Douvanjou dans 7 communes du pays. L’Initiative départementale contre la Traite et le Trafic des Enfants (IDETTE) prend activement part à ce travail d’accompagnement.
La prise en charge se fait sur plusieurs niveaux, comme l’explique Gérald Guillaume, le coordonnateur de l’IDETTE : « Lorsqu’un cas de grossesse précoce se présente, nos travailleurs sociaux et psychologues offrent à la victime un soutien psychologique. Ils la réfèrent ensuite à un hôpital pour une prise en charge médicale. Nous assurons également la prise en charge juridique ». Dans certains cas, l’organisation offre également aux familles des victimes une activité génératrice de revenus. Parallèlement, elle aide diverses associations de femmes de la Grand’Anse à renforcer leur cellule de protection.
Tout comme les autres organisations, l’IDETTE fait face à des difficultés financières, en particulier pour les cas qui nécessitent un référencement vers des médecins de la ville des Cayes ou vers d’autres spécialistes se trouvant à Port-au-Prince. Toutefois, le coordonnateur de l’organisation affirme avoir développé des partenariats avec diverses structures évoluant dans le département pour tenter de contourner ces difficultés.
En tant qu’acteur de la société civile, l’IDETTE travaille avec des organismes étatiques, tels que l’Institut du Bien-Être social et de Recherches (IBESR), la Brigade de la Protection des Mineurs (BPM), le ministère à la Condition féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF). Mais c’est à elle d’assurer leur financement. « Si l’on attendait le soutien de l’État, l’IDETTE n’existerait pas. Dans la Grand’Anse, par exemple, c’est nous qui soutenons les organismes étatiques de défense des droits de l’enfance, et non l’inverse. L’État ne nous soutient pas », déplore Gérald Guillaume.
La SOFA peut se féliciter de quelques succès : en 2020, suite à des informations relayées par les médias, elle a mené une enquête à l’école de la prophétie à Beaumont, dans la Grand’Anse, où il est apparu que 41 filles, de la 5e à la 9e année fondamentale étaient tombées enceintes, soit d’un professeur, soit de camarades de classe. L’organisation s’est démenée pour que ces filles ne soient pas abandonnées et qu’elles puissent, après leur accouchement, retourner dans de bonnes conditions à l’école. « Nous continuons à faire de la sensibilisation dans les écoles. Nous continuons à former des professeurs et des directeurs d’écoles pour leur faire comprendre que si une fille est enceinte, ce n’est pas la fin de sa vie pour autant. Notre but est de réduire drastiquement le nombre d’abandons scolaires pour cause de grossesses », souligne Mme Belony, étudiante en médecine.
Le besoin urgent de conseillers psychologiques
De son côté, la Commission d’adaptation scolaire et d’appui social (CASAS) se concentre sur les mesures que les écoles devraient mettre en place pour les élèves enceintes. Selon son coordonnateur, M. Janvier, la CASAS édite des documents de référence qui doivent aider chaque acteur du système à savoir comment traiter les cas et à suivre les bonnes procédures pour que personne ne soit laissé de côté. Il souligne que sa structure aborde le problème à deux niveaux : la prévention et la résolution ou la guérison. La CASAS fait des propositions visant à travailler avec tous les enfants, filles et garçons, autour de cette problématique.
Outre la sensibilisation, Gihane Dejoie Mathurin, psychologue spécialisée en éducation, plaide pour la mise en place d’espaces où les victimes puissent porter plainte et que l’État garantisse leur protection en cas de représailles. Elle demande également que l’État intensifie la réalisation de campagnes de sensibilisation dans les écoles, les médias et les réseaux sociaux. « Il est temps que nos écoles disposent de conseillers psychologiques qui puissent sensibiliser les élèves et les professeurs aux problèmes des violences sexuelles et aux grossesses précoces », plaide la psychologue qui demande que ces cours soient fournis gratuitement.

Il faut noter qu’il existe un point focal genre au sein du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). Contactée à plusieurs reprises par notre rédaction pour savoir dans quelle mesure elle est impliquée dans la lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire, la responsable n’a pas souhaité donner suite à nos demandes d’interview.
Les complications du nouveau Code pénal
Si l’État haïtien fait appel aux ONG pour lutter contre les grossesses précoces, il risque toutefois de leur compliquer la tâche. En effet, certaines dispositions du prochain Code pénal haïtien peuvent prêter à confusion et compliquer la situation.
Dans le nouveau Code pénal qui doit encore entrer en vigueur, l’État haïtien a en effet décidé d’abaisser la majorité sexuelle à 15 ans. Pour Auguste D’Meza, professeur de carrière et ancien membre du cabinet d’un ministre de l’Éducation nationale, cette mesure est dangereuse. « Il faut supprimer les dispositions qui considèrent que les enfants de 15 ans sont sexuellement responsables », critique-t-il.

Selon M. D'Meza, une telle décision donnera libre cours aux relations entre hommes plus âgés et enfants. Avec pour conséquence une augmentation du nombre de grossesses précoces en milieu scolaire. « On risque alors d’être dans la quadrature du cercle », conclut-il.
Cette enquête est produite dans le cadre du projet « Journalisme : Enquêtes, Reportages et Grands Reportages sur l’éducation en Haïti » financé par la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) pour le compte du programme Lekòl Nou.